LA GROTTE DU PALÈSMOURTE (ПАЛЭСМУРТЛЭН ГЫРКЫЗ)

Pièce n°1782
Écrite par shwaan_fehish
Explorée par Rus

« Bon, où est-ce que j’ai atterri, moi? » Me suis-je demandé après être tombé à la renverse depuis le trou que j’avais laissé dans le mur de la précédente pièce. J’entendais des bruits de gouttes qui éclataient en écho sur le sol, et celui-ci était humide, froid et lisse comme la roche. Aucun doute, j’avais atterri dans une grotte. Par chance, je n’avais, dans ma chute, pas perdu ma lampe torche, alors je l’allumai pour éclairer l’endroit. La cavité était étroite et basse. Je devais me baisser pour éviter les stalactites et les protubérances de roche qui m’auraient tranché volontiers les côtes, au fur et à mesure de ma progression dans les boyaux sombres de la cavité. Après plusieurs minutes à suivre au hasard un couloir et puis un autre, je me trouvais nez-à-nez avec une porte en bois rouge. Sur celle-ci, un petit écriteau indiquait quelque chose en lettres cyrilliques: « Татын Палэсмурт улэ ». « Ah! Je savais bien que mes cours de russe à la fac me serviraient un jour à quelque chose! » M’exclamais-je, fier. Mais il ne s’agissait pas de russe, ni d’aucune autre langue slave, je l’aurais reconnu. « Tatyn Palèsmourte oulè…» Ça ne ressemblait à rien que je connaisse… « J’espère vraiment que c’est des ch**ttes! J’ai terriblement envie de pi**er! » J’ouvris alors la porte et me retrouvais dans une pièce en bois clair (probablement du bouleau). Les murs étaient drapés de tissus rouges et une banquette couverte de peaux de vaches faisaient le tour de la pièce de long de ceux-ci. Au centre, une grande table couverte de victuailles et de bouquets de fleurs jaunes (je reconnu là des boutons d’or) semblait rayonner de milles feux tant j’avais faim. Je voulu m’approcher prendre une orange, mais un bruit sourd, venant d’un coin de la pièce retint mon attention. Il ne me suffit que d’un pas en direction de celui-ci pour découvrir un grand sac de jute qui se tordait sur lui même. Le bruit était désormais très clair. C’était des cris. Des cris d’enfants étouffés, bâillonnés qui s’échappaient de lui. Soudain, à quelques mètres de moi, le verrou d’une porte claqua et sa poignée se tourna. J’eus à peine le temps de me jeter sous la table, couverte, par chance, d’une nappe longue de dentelle, me permettant de m’y cacher tout en observant ce qui se passait dans la pièce, que quelqu’un entra dans celle-ci. C’était un être pour le moins surprenant, pour ne pas dire terrifiant. Le bougre d’homme n’avait qu’une moitié de corps. Une jambe, un bras, une moitié de tête et une moitié de tronc. Il se dirigeait en sautillant vers le sac que j’avais laissé quelques instants plus tôt, le chargea sur son unique épaule avant de repartir par la porte par laquelle j’étais entré et qui menait à la grotte. J’étais terrorisé, mais je ne voyais pas d’autres solutions pour sortir d’ici que de traverser la porte par laquelle lui était entré. « Tant pis pour ces enfants » dis-je, « Je sauve ma peau en priorité! »

Auteur·ice : Shwaan Fehish