Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE AUX VENTS
LA PIÈCE AUX VENTS

LA PIÈCE AUX VENTS

Pièce n°1791
Écrite par didou

Une feuille.

Un rouleau de parchemin pour être plus précis, qui voltige au grès des innombrables vents de la pièce et dessine des arabesques dans l’air.

Le spectacle aurait pu être beau s’il n’était pas juste agaçant. Quoi ? Vous imaginez que moi, Yubi al-Deus, Az Eros l’immortel, Babès le Grand, j’ai la moindre envie de courir après un ridicule bout de papier ? Plutôt retourner affronter la horde de démons que je viens de quitter.

Je grogne. Observe encore un instant l’unique composante de la salle vide, jusqu’aux couleurs et sons, avant de prendre ma décision. Aussitôt, je sens Mecelsen, ma fidèle épée, protester.

La lame vibre entre mes doigts lorsque je les referme sur sa garde, chauffe à m’en provoquer des cloques en guise de protestation. Un filet de sang s’échappe des yeux de Skenilox incrusté dans son pommeau.

Que m’importe.

Je suis le maître de toutes choses et il est temps que Mecelsen le comprenne également.

Je souffle, relâche mes épaules. Pur spectacle offert à moi-même. Comme si j’avais besoin de me concentrer pour effectuer un lancer parfait à plus de dix mètres de distance.

« Touche. »

Ma volonté fait loi.

Un mouvement du poignet et mon épée transperce l’air avant de se ficher en plein centre du rouleau. Mais à peine la lame a-t-elle touché le papier que des lettres d’un noir intense s’en échappent.

Elles montent dans l’air, tournoient et tournoient encore. Puis elles s’assemblent pour former une phrase.

Il arrive.

Et le ballet recommence. Et les mêmes mots s’impriment dans l’air, dans une langue chaque fois différente.

Il arrive. Il arrive. Il arrive.

Je souris, ne doutant pas un seul instant que c’est ma présence dans le château qui est ainsi annoncée. Quelques instants encore, j’apprécie le spectacle à ma gloire puis me décide enfin à récupérer mon épée. La feuille de papyrus se transforme alors en une porte que j’emprunte sans la moindre hésitation.

Je suis Yubi al-Deus, Az Eros l’immortel, Babès le Grand et le château commence déjà à reconnaître ma grandeur. Bientôt, lorsque j’aurais exploré les 999 993 pièces restantes, il gravera dans chaque ciel de l’univers le nom d’Altixor le conquérant.

 

 

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