Pièce n°1801
Écrite par didou
La pluie refuse de s’arrêter.
D’abord gouttelettes agréables m’ayant permis de refroidir mon corps, elle s’est désormais transformée en un crachin glacial qui se fracasse contre ma peau avec l’intention évidente de la transpercer.
Tentative inutile.
Un sourire étire mes lèvres tandis que face à moi, la violence de la tempête arrache un arbre millénaire à ses racines. Celui-ci vient rejoindre les innombrables débris emportés par les flots et que le vent charrie dans ma direction.
Bâtiments, végétation, moyens de transport, habitants, rien n’est épargné et tout s’agglutine en une mélasse noire à mes pieds.
Le monde de cette pièce est noyé sous les eaux et bientôt, je comprends que la pluie ne cessera son œuvre qu’après avoir tout ravagé. Colère froide et rancunière à laquelle je peux sans mal adhérer.
Un instant, j’hésite à lui apporter mon aide. Tirer Mecelsen de son fourreau et faire mourir ce lieu serait si simple et oh combien plus rapide que la ridicule tentative en cours.
Mais je retins mon geste. La pluie, par des assauts aussi enfantins que vains, s’en est aussi prise à moi et si ma grandeur me pousse à l’épargner, il n’est pas question de l’assister.
Je lève les yeux vers le ciel, pouffe quand une goutte me tombe dans l’œil et me pique la cornée.
— Ta haine est encore trop faible pour m’atteindre. Continue de la nourrir, continue de vivre par et pour elle. Alors peut-être pourrons-nous combattre d’égal à égal.
La tempête me répond en redoublant d’ardeur, ultime tentative de me noyer sous ses flots. Je secoue la tête, pousse un long soupir.
D’un geste de la main j’écarte alors le rideau de pluie devant moi et après un dernier regard aux alentours, traverse la porte qui s’y cache.