Pièce n°1790
Écrite par shwaan_fehish
Explorée par Ragana
Je sèche mes larmes un peu précipitamment. Je sens mon ventre et ma gorgent serrés, mais l’aventure doit continuer. Je n’ai aucun autre moyen de sortir d’ici, à moins de tomber sur un téléporteur, mais là encore, rien ne me garantit les effets château-exfiltrants de celui-ci.
Je pénètre dans ce nouvel endroit par une magnifique porte en bois sombre ciré, dont la poignée dorée représente un visage, qui me fait étrangement penser au mien. La porte est lourde et grince. C’est drôle, il flotte dans cette salle une ambiance onirique, comme si l’air était secoué par une myriade de petites vague, dont la houle invisible distorde légèrement la vue. C’est un bureau faiblement éclairé. Les murs sont couverts de tiroirs à archives ainsi que d’étagères, elles mêmes pleines à craquer de livres et de classeurs. Sur le petit secrétaire près de la fenêtre, une lampe éclaire une lettre manuscrite et sa plume. Je m’approche et m’assois pour la lire (je reste tout de même sur mes gardes et maintient une main sur l’arme à ma ceinture).
« Cher moniteurs de la confiance et du système lacrymal,
Suite à votre dernière demande d’activation du programme de transfert d’émotions, qui vous a été refusé après évaluation des risques, j’ai été informée de l’activation non-autorisée de celle-ci en dépit des contre-indications.
Comptes tenus des risques encourus dans des circonstances telles, que celles de la précédente situation, je me vois obligée de vous contraindre à une suspension temporaire de vos activités, ainsi qu’à un programme de renforcement de vos acquis et à deux semaines de culpabilisations.
Veuillez agréer, madame, monsieur, mes respectueuses salutations.
Ragana Rūķukalns, responsable en chef du centre décisionnaire et des archives cérébrales »
Je bondit de ma chaise dans un mouvement de recul effaré. Ragana Rūķukalns, c’est moi! Il me faut un bref instant pour reprendre mes esprit et commencer à fouiller un peu autour de moi, dans l’espoir de comprendre un peu mieux ce qui m’arrive. C’est dingue, je retrouve tous mes journaux intimes d’adolescente, mes carnets de langues et mes cahiers d’école, des travaux personnels comme professionnels que je pensais perdus à jamais! Dans les classeurs, je tombe sur des photos qui archivent ma vie entière! Mon enfance à la campagne, mes premiers amours, mes remises de diplômes, la mort de ma grand-mère, la naissance de ma fille… Dans les tiroirs autour de moi, je découvre, non sans une pointe de désapprobation, des dossier rassemblant tout ce que je sais sur la vie de mes proches et de tout ceux qui ont un jour compté pour moi. Je ne sais pas combien de temps cela me prendra, mais je vais tout lire.
Je ne compte plus les heures. Je ne les sens plus passer non plus. Je m’enivre de ces lectures narcissiques et mes joues me font mal à force de sourire. Je redécouvre toute ma vie, tous les projets que j’ai menés, les gens que j’ai côtoyés, et tout ce que j’ai pu ressentir à travers ces années. Cet endroit est vraiment mon bureau parfait!
Soudain, une sensation aigüe de faim me tire de mes rêveries, et d’un coup toute la pièce change d’allure: Les murs se craquellent, les vitres se brisent, l’air se fait glacial et les livres pourrissent. Je ne comprends rien, qu’est-ce que ça veut dire? Un morceau de plafond s’effondre à mes pieds, puis un autre derrière moi. Je veux pas croupir ici. Je ne veux pas m’éteindre au milieu de souvenirs en charpie. Priant pour ma vie, je me jette alors d’un bond à travers la fenêtre qui se brise entièrement sur mon passage.
Super, l’adjectif château-exfiltrant !
J’aime beaucoup cette pièce, son côté nostalgique. Et aussi l’idée de moniteur du système lacrymal ! En revanche, le fait que la lettre soit attribuée à Ragana est un peu mystérieux… Aurait-elle atterri en quelque sorte en elle ? Est-ce que cela donnera lieu à un développement futur ?
PS : J’ai créé le tag Ragana pour qu’on retrouve toutes les pièces de ton exploratrice en un même endroit ! N’hésite pas à l’ajouter, dans l’onglet étiquettes, à chaque fois que tu écriras une nouvelle pièce.
Tu veux vraiment la réponse que j’avais imaginé? Ou je vous laisse élaborer des théories sur le sujet?