Pièce n°1819
Écrite par didou
Je n’aime pas me vanter. La modestie a toujours été ma qualité première, celle pour laquelle mon entourage m’apprécie. Pensez ! Mes exploits sont si importants qu’ils inspirent des légendes au-delà des frontières du multivers, ma bravoure résonne avec une telle force aux confins de l’espace qu’elle grave une trace indélébile dans le grand livre du temps. Chaque moment de mon existence, chacune des précieuses secondes qui composent ma vie a été une pierre de l’édifice de ma grandeur.
Pourtant, je me suis toujours abstenu de faire preuve d’arrogance.
Aujourd’hui, les choses sont différentes.
Aujourd’hui, le château me prouve à quel point je suis un être exceptionnel.
Je souris, m’approche de la paroi vitrée qui me fait face. Devant moi, s’étale la fin de toute chose. Le dernier souffle de l’ensemble des mondes connus et inconnus. Ceux-ci palpitent faiblement, comme un cœur sur le point de s’éteindre. Chaque nouvelle respiration leur coûte davantage de force que la précédente et je peux les voir diminuer de taille à vue d’œil. Peu à peu, leur lueur s’éteint, plongeant l’existence toute entière dans les ténèbres. Les composantes de l’univers s’effondrent, se replient sur elles-mêmes pour revenir à leur état initial, celui où tout a commencé et celui où tout finira.
Le chaos.
Les poils de mes bras se hérissent tandis que je suis témoin du rien qui englobe le tout. Le Temps cesse de s’écouler. L’Espace se fige. La vie s’éteint.
Trois. Deux. Un.
Zéro.
Nulle chose n’existe plus.
Nulle chose exceptée moi.
Car alors que les lumières du Monde sont soufflées, un être continue d’errer dans le vide. Un être à la couleur de peau violette, portant un superbe lasso à sa ceinture et une épée resplendissante à sa hanche. Un être que je pourrais reconnaitre parmi des milliards.
Yubi al-Deus, Az Eros l’immortel, Babès le Grand.
Maitre du Temps et de l’Espace.
Je frisonne, savoure encore un instant la vision de mon moi du futur puis me détourne de ma contemplation. Si mon avenir s’annonce aussi long que radieux, mon présent se conjugue au rythme du château. Mais le doute n’est désormais plus permis : j’aurais bientôt vaincu les cent mille pièces de ce lieu et avec elles, le titre d’Altixor le conquérant.
Très curieux ce texte, avec ton personnage qui assiste à la fin de toute chose mais qui en même temps a encore 99 883 pièces à explorer ! L’autosatisfecit est convaincant. Tu ne visualisais probablement pas les choses de cette manière mais j’imaginais ton personnage dans la tour de contrôle de l’héroïne de Vice Versa…