Pièce n°1810
Écrite par didou
— Oh je sens que l’on va bien s’amuser.
Un sourire carnassier étire mes lèvres. Enjoué par la perspective qui se dessine, j’esquisse un geste pour dégainer Mecelsen mais loin de partager ma joie, la lame résiste à ma demande et manque se bloquer dans son fourreau.
— Rancunière, hein ? je grogne.
L’épée reste silencieuse entre mes doigts, boudeuse, et je souffle du nez en désignant les alentours.
— Quelque chose me dit que tu ne vas pas apprécier ça non plus.
Tant pis. Trop vite pour que Mecelsen puisse de nouveau protester, je tranche le baobab le plus proche de moi. Son tronc, immense, reste un instant immobile, comme si rien ne s’était produit, avant qu’une entaille n’apparaisse et qu’il ne bascule sur sa gauche. L’arbre s’abat au sol avec fracas et je peux deviner le frisson de peur qui agite ses congénères.
Leurs branches bruissent. Leurs feuilles frémissent. Inutile tentative de défense.
En deux gestes rapides, je les pourfends à leur tour et alors qu’ils disparaissent dans un éclat de lumière, la minuscule planète sur laquelle je viens d’arriver se révèle à moi.
Si petite que je pourrais en faire le tour en quelques pas, elle reflète une couleur grisâtre néfaste à mon teint. Les baobabs supprimés, seule une rose sous verre aux pétales d’un rouge éclatant la compose encore.
Je m’approche de la fleur et tapote sa protection de la pointe de Mecelsen. Brisera ? Brisera pas ?
Je lève mon bras, fixe une seconde encore la rose et m’apprête à frapper avant de finalement renoncer. Mon regard se tourne alors vers ma paume.
— Tu l’aurais aimé, pas vrai ? Hum. Je suis sûr que tu l’aurais aimé.
Je serre le poing et Mecelsen retrouve son fourreau. Un acte de miséricorde. Le dernier que j’effectuerai dans ce château. Car moi, Yubi al-Deus, Az Eros l’immortel, Babès le Grand, n’est suis pas de ceux qui accordent grâce.
Je suis Altixor le conquérant. Celui qui viendra à bout des 999 985 pièces restantes.
Oh, une pièce Petit Prince… ta narration est finement menée, en lisant le titre et les premières lignes je ne me suis pas doutée immédiatement que c’était le Petit Prince qui se cachait derrière !
Je suis contente qu’Altixor ait préservé la rose, quand même. (Ca aurait été un bon choix pour faire souffrir le lecteur !)
Merci ☺
Ouiii mais ça aurait fait souffrir l’auteur aussi 😇