Pièce n°2046
Écrite par un gars
Explorée par Zilos
Pièce du Casteltober 2025 - Jour 9 : cerceau
Il ne me faut pas deux secondes pour boire la tasse, m’affoler, émerger de nouveau et m’écraser sur les fesses dans la luzerne.
N°155 : « cueillir un pissenlit », voilà ce qui me vient en tête.
Je suis sous l’eau, la mer danse, avec la même unité, le même gris sérieux au-dessus de ma tête, qu’elle avait sous mes pieds juste avant.
« Vous n’avez pas mal, vous ? »
La vieille dame me fait sursauter. A quelques pas derrière moi, appuyée sur une clôture en bois qui ne cercle rien du tout puisqu’elle ne semble tenir qu’elle, une humaine toute grisonnante me regarde d’un air soucieux. N°218 : « faire traverser une vieille dame », voilà ce qui me vient en tête.
« Quand les gens tombent dans le cercle, ils ne crient pas toujours, mais ils s’exclament au moins. Donc ou bien vous ne sentez pas la douleur, ou bien vous avez le popotin bien rembourré. »
Effectivement, je suis entouré par une nette démarcation de terre dans la prairie. Je me lève sans trop comprendre, ni le cercle ni les popotins.
« Eh bien ? Je n’ai pas que ça à faire petit ! »
Elle passe devant sa barrière solitaire, et m’enjoint à la rejoindre d’un coup de poignet empressé. Je marche vers elle, qui dès que je suis à portée enserre doucement mon épaule et entame une lente descente de la colline avec moi. N°103 : « siffler sur la colline », voilà ce qui me vient en tête. Mais cela demande de facto le n°102 : « apprendre à siffler ».
« Il me reste deux ou trois réponses petit, même si le chemin est long. Tu peux prendre ton temps avant de demander. »
« Qu’est-ce que c’est que cet endroit ? »
Je n’ai pas tellement réfléchi, ni à l’atypie de sa proposition ni à la « demande » la plus juste. Les fluctuations des marées au-dessus de nos têtes provoquent des réfractions passionnantes de la lumière de l’étoile terrienne.
« C’est chez moi. », répond-elle avec un air surpris. « C’est ma colline toujours grise, fichée sous les eaux. Comme toutes les collines ici. »
C’est un savoir humain qu’il faudra que je note.
« Et le cercle ? De quoi s’agit-il ? »
« Eh bien… », poursuit-elle avec contentement, « c’est le Cerceau de Passage. Il en faut bien un, pour que les gens passent, c’est vaste par ici. Il en vient tous les jours, de tous les radeaux de l’océan, avides de victoires. Tu es sûr que tu ne veux rien savoir d’autre, petit ? »
Confus, je bégaie sur les fleurs autour de nous avant de me raviser. Il reste tellement de choses à comprendre sur les humains, qu’est-ce que cette vieille dame essaie de m’indiquer ?
« Hum… Eh bien, pourriez-vous me dire comment siffler ? »
Cette fois c’est un rire qui émane de l’humaine, avec une franchise inattendue.
« Je peux te le permettre plutôt. »
L’humaine tend sa main vers ma gorge, et y trace une caresse linéaire du bout de son index. Soudain, une grande quantité d’air semble affluer depuis mes poumons, avide de s’échapper, et ma mâchoire ne voit d’autre solution que de l’évacuer dans une mélodie suraiguë à travers mes lèvres quasi fermées.
Le son s’enfuit autour de la colline.
« D’une pierre deux coups alors », estime-t-elle malicieuse. « D’où est-ce que tu viens petit ? »
« D’Azur, Madame. », j’indique sans trop comprendre.
Elle ne se départit pas de son sourire. Plutôt, elle regarde mes mots sortir de ma bouche, et les étudie comme une artiste. Puis, avec une moue impressionnée, elle relance notre descente.
Nous marchons encore de longues minutes, sans plus un mot, au rythme de la brise dans la luzerne, et des hoquets dans la voute aqueuse. Nous traversons ensemble un petit gué, cochant mentalement le n°218, et arrivons paisiblement devant une trappe ouverte dans la terre, du même bois que la clôture.
« Aucune exclamation, et toutes ces questions étonnantes. Petit, arrivé ici, n’importe qui aurait demandé comment devenir riche ou célèbre. Ou au moins comment faire la paix dans le monde. Alors, je te donne cette dernière réponse : puisses-tu trouver ce que tu cherches, si tant est que tu n’y a pas encore pensé. »
Devant mon hausser de sourcil, l’humaine m’indique la trappe avec un regard amusé.
Par Azur et qu’Enceth en soit l’arbitre, qu’est-ce que je viens de rater ?
Zilos n’est pas face aux exemples les plus typiques pour apprendre l’humanité. La madame me plait bien, elle a l’air de savoir beaucoup de choses et de lire un peu dans les pensées. Des airs de Théomance…
J’aime vraiment beaucoup le personnage de la vieille dame. Que ce soit sa façon de se comporter ou de parler, elle est super intriguante ! Et elle a l’air de savoir tellement de choses.