Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DE L’ATLANTIDE, OU LE QUATRIÈME DES QUATRE ÉLÉMENTS, BIEN ENTENDU
LA PIÈCE DE L’ATLANTIDE, OU LE QUATRIÈME DES QUATRE ÉLÉMENTS, BIEN ENTENDU

LA PIÈCE DE L’ATLANTIDE, OU LE QUATRIÈME DES QUATRE ÉLÉMENTS, BIEN ENTENDU

le petit grand nain as le petit grand nain

puis atterrir dans une pièce pleine d’eau. L’eau atteignait le niveau du sol des autres pièces, et j’avais pied. Je commençai à avancer, plus pressé de trouver un endroit calme que jamais, quand un bruit venant de plus loin dans la pièce et de plus profond sous l’eau se fit entendre.
-Evidemment, il fallait que quelque chose de néfaste se produise, soupirai-je. J’étais vulnérable, et n’importe quel animal marin un peu dangereux aurait eu raison de moi. J’observai la surface de l’eau à l’endroit d’où provenait le bruit, et je…
« Une minute, pensai-je. Les bruits ne se propagent pas, sous l’eau ! »
Un remous agita soudain la surface, puis une gerbe d’éclaboussure me trempa des pieds à la tête, et un cockpit de verre, semblable à ceux des avions, émergea de l’eau. Un homme à l’intérieur me fit signe de monter. Je regardai autour de moi, pour constater ce qui s’imposait : il n’y avait que de l’eau, partout… Je n’avais visiblement pas trop le choix, et je montai dans l’appareil dont la vitre s’était soulevée, pour me permettre d’entrer. A peine à l’intérieur, le pilote de l’engin pointa une espèce de triangle vers moi et me dit :
-Ami ou ennemi ?
-Euh… répondis-je avec ma rapidité habituelle. Ben… C’est à dire que je ne sais pas qui vous êtes !
Il se saisit d’un petit appareil métallique et dit, d’un ton de professionnel :
-Il n’a pas l’air hostile, ça va. Bon, on y va !
Et, s’adressant à moi :
-Alors, vous explorez ce fichu Château ? Il est traître, vous devez avoir bien du courage et de l’intelligence pour être arrivé jusque là !
-Je dirais plutôt de la chance, murmurai-je pour moi-même.
Il m’entendit.
-Je sais, j’étais ironique. Et ne faites pas cette tête-là, les meilleurs guerriers ont péris dans les cent milles pièces… Je m’appelle Denerebor. Vous devez avoir parcouru une centaine de pièces, non ?
Mon regard se voila d’incompréhension.
-Comment cela ? J’en ai traversé six !
-Ne dites pas n’importe quoi, vous êtes au vingtième étage ! Nous sommes de la cité perdue d’Atlantis, enchaîna-t-il, et nous nous sommes retrouvés coincés là du jour au lendemain, alors que… Eh, vous dites si je vous dérange, hein !
-Vous dites… Le vingtième étage ? Mais je n’ai fait que descendre, je suis tombé dans un gouffre !
-Ah… dit-il sur le ton de la compréhension. De la magie. Le Château en est truffé.
-Peut-être… répondis-je, sceptique. il est vrai que c’est un magicien qui m’a fait tomber. Cela peut même m’arranger, si ça me rapproche de ce prisonnier qui m’appelle sans cesse… Mais vous dites que vous êtes des Atlantes ?
-Oui, et ce véhicule comme cette arme -il me désigna le triangle avec lequel il m’avait menacé- sont issus de notre technologie !
Nous continuâmes à parler ainsi un certain temps, lui me décrivant la civilisation d’Atlantis, moi lui narrant ma -presque- épopée, jusqu’à ce qu’un atlante entre dans la cabine et lui glissa quelques mots à l’oreille avant de sortir.
-Je n’aime pas ça… maugréa mon hôte. Des Ganalodons, nos prédateurs naturels, ont été aperçus à quelques kilomètres d’ici, alors qu’ils n’ont pas l’habitude d’avancer aussi loin. Cela ne veux peut-être rien dire, mais je préfère en être sûr. Je vais voir en salles d’armement si tout est prêt pour un combat, on ne sait jamais…
-Euh, dites, c’est quoi qui vient vers nous comme ça ?
Denerebor scruta l’obscurité sous-marine, et je voyais bien qu’il commençait à se dire que les rumeurs sur la mauvaise vue des nains étaient fondées, quand quelque chose passa à toute allure devant la cabine. Le temps de réaction de l’Atlante fut d’environ trois secondes, après quoi il hurla dans son appareil de communication :
-ALEEERTE ! ALERTE DE NIVEAU… EUH… MAXIMAL !
Une deuxième créature passa dans mon champ de vision, et je commençai à paniquer, les bêtes étaient vraiment énormes… Un premier choc se fit ressentir, me faisant tomber lourdement à terre, puis j’entendis un grondement. Il y avait des explosions venant de dehors, et les Ganalodons étaient de plus en plus nombreux… Le grondement se faisait de plus en plus fort, et Denerebor hurlait encore des ordres dans son espèce de micro, quand il y eut un grésillement et l’appareil sembla ne plus fonctionner. Le grondement remplissait maintenant tout l’espace…
Soudain, l’Atlante sembla réaliser quelque chose.
-Ce grondement… C’est de l’eau ! L’eau envahit le sous-marin !
Il appuya sur un bouton et le sas se ferma, nous laissant juste le temps d’apercevoir une masse d’eau envahir le couloir. Puis un énorme choc retentit quand le mur d’eau heurta la porte, mais celle-ci était solide et elle tint bon, toutefois cela ne durerai pas, si les monstres continuaient à attaquer. Denerebor semblait effrayé et désemparé, lui qui venait de perdre tout son équipage…
-Y a-t-il un moyen de s’en sortir ? lui demandai-je quand même.
-Je… je crois, me répondit-il en essuyant les larmes naissantes sur son visage. Il faut attendre que les Ganalodons soient partis, alors nous pourrons détacher le cockpit, qui fait office aussi de capsule de sauvetage, et nous pourrons rentrer à Atlantis, et les avertir…
-Alors nous devons partir tout de suite car vu le nombre de ces bestioles, si elles prennent la cité par surprise, je doute qu’elle puisse résister.
-Allons-y, décida-t-il en pressant un bouton d’un geste rageur. Je refuse de laisser plus des miens mourir.
Nous nous détachâmes donc de la carcasse de l’ancien mastodonte de fer, et nous mîmes à avancer péniblement, les faibles moteurs de la capsule nous ballotant péniblement à travers les eaux. De par ma taille, je peinais à voir ce qui se passait devant nous, mais je voyais suffisament pour comprendre ce qui s’était produit quand nous arrivâmes sur les lieux.
L’Atlantide n’était plus. Les Ganalodons étaient arrivés avant nous.
Des cadavres de gigantesques monstres marins jonchaient le sol, et je pus enfin les détailler de près : ils faisaient une dizaine de mètres chacuns, ils avaient un assortiment de dents et d’yeux sur le visage, d’immenses nageoires avec des griffes aux extrémités et un corps épais terminé par une queue de poisson qui aurait pu casser en deux notre véhicule, si leur propriétaire était encore vivant… Denerebor était complètement atterré, devant la vision d’apocalypse qui s’étalait devant nous.
-Non, gémit-il, non… Ce n’est pas possible… Il y en a forcément qui ont survécu, quelque part… Ils ne peuvent pas être tous morts…
-On doit y aller, Denerebor… le pressai-je. Il y a peut-être des survivants Atlantes, mais si c’est le cas, ils ne sont sans doute pas restés ici, alors que les bêtes…
Malheureusement, j’avais raison. Le cockpit fut brusquement projeté vers le fond des vestiges par un coup d’une prodigieuse violence. Le temps de rétablir l’équilibre dans la capsule, la créature qui avait attaqué avait disparu, et nous nous mîmes à tourner en tout sens pour la retrouver, sans même avoir besoin de nous parler. Et soudain, elle fut sur nous, et je pressai la marche avant, juste à temps pour nous éviter un coup des énormes mâchoires de l’animal, qui se retourna en grognant. Pour la deuxième fois, je remarquai que j’avais entendu un bruit qui aurait dû n’être qu’une idée dans la tête du colosse. Celui-ci se dirigeait à nouveau vers nous, toujours aussi agressif, et la bouche béante exhibant ses multiples rangées de dents.
Puis, une explosion, et plus de Ganalodon.
Un vaisseau sous-marin, bien plus grand que celui qui m’avait reccueilli, arrivait sur les lieux, accompagné de trois véhicules plus petits, tous armés, des canons pointant sur les bords. Je vis un soulagement immense poindre sur le visage de Denerebor.
Après plusieurs heures de retrouvailles, de présentations, de congratulation mais aussi de tristesse, car plus de la moitié des Atlantes étaient morts… Les Atlantes me remirent de nouveau vêtements, de nouvelles haches qu’ils possédaient mais dont ils n’avaient aucune utilité, une de leurs armes triangulaires et les explications quand à son utilisation, et surtout une sorte de petit robot, avec des pinces métalliques au lieu des mains et qui avait une mitraillette à la place de l’oeil gauche, appelé Neonity B-22, Neonity pour les intimes.
Et je partis dans le cockpit qui m’avait sauvé, à la recherche d’une nouvelle porte, que je ne tardai pas à trouver.
Plus tard, en fouillant dans la mémoire de Neonity, j’allais découvrir une conversation qu’avaient eu Denerebor et un grand dirigeant d’Atlantis appelé Nabowalker :
-Ces Ganalodons… Ils n’étaient pas là par hasard… Ils étaient là pour lui. C’était lui qu’il voulaient.
-Ce nain m’a sauvé la vie, il était brave… Mais il n’est pas le seul explorateur. D’autres sont venus. Le Château est en train de se réveiller, et je n’aimerais pas être là quand il les éliminera définitivement…
-Nous devons préparer nos défenses. Nous subirons peut-être des dommages collatéraux.
-Dommage… J’aimais bien ce nain.

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