Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE-HÉRISSON
LA PIÈCE-HÉRISSON

LA PIÈCE-HÉRISSON

Pièce n°215

titelilou as titelilou

Après la visite prolongée de l’étrange puit de nuages (voir le dernier com d’Aqua) , je m’attendais à une salle encore plus étonnante. Cependant, la pièce dans laquelle j’entrai, Aqua sur mes talons, était la plus banale du monde. Du vieux parquet poussiéreux, une table de bois brut, quelques étagères, une fenëtre encadrée de rideaux écarlates. Dans une cheminée brûlait un feu crachotant. Mais mon regard ne s’attardait pas sur ces détails sans importance. Aussi immobile qu’Aqua, je contemplait avec elle le panneau qui était planté devant nous, et qui constituait la seule bizarrerie de la pièce. Il était de bois peint d’un vert criard. En grosses lettres noires et enfantines etait inscrit un message, un message si incongru dans cette pièce que je ne doutai pas un instant qu’il s’agisse de la boutade d’un aventurier farceur :
« VOUS ENTREZ MAINTENANT DANS LA PIÈCE-HÉRISSON ! »
Je levai les yeux au ciel devant l’absurdité de cette phrase, et, après avoir laissé éclater un petit rire condescendant, j’avancai de quelques pas sur le parquet couleur miel.
Étrangement, la dernière latte sur laquelle je posai le pied n’eut pas la même réaction que les autres. Elle n’émit pas le grincement presque rassurant du vieux bois. Non. Au contraire, le bruit qu’elle fit était complètement anormal. Inquiétant, même.
« CLIC. »
Je n’eus pas le temps de réagir. J’entendis juste le hurlement d’Aqua et sentis qu’elle s’était précipitée vers moi pour me plaquer au sol.
Je levai les yeux. À l’endroit ou mon buste s’était tenu une demi seconde plus tot, une énorme épine de bois était apparue, sortant d’un trou dans le mur. J’aurai été embrochée en moins d’une seconde si ma coéquipière ne m’avait pas une fois de plus vaillament sauvé la vie. J’eus un sourire ironique. La pièce-hérisson.. Effectivement, il y avait des farceurs dans ce Château.
Je repris mon souffle et chuchotai à Aqua :
-Sortons d’ici.
-Avec grand plaisir !
Nous nous relevâmes tant bien que mal, et tentèrent d’évaluer la situation. Tout autour de nous, du parquet qui devait renfermer les même lattes piégées que celle sur laquelle j’avais marchée. Au fond, à coté de la cheminée, on devinait une porte de bois ciré. Mais comment l’atteindre sans déclencher le piège ? Je me tournai vers Aqua d’un air desespéré. Celle-ci était plongée dans une profonde réflexion. Sodain, son visage s’illumina.
-J’ai une idée, déclara-t-elle, un petit sourire sur les lèvres. « Tu aimes les acrobaties ?  » .
Elle sortit de je ne sais ou un arc et une flèche. Aussitot, je compris ce qu’elle voulait faire, et, attrapant les rideaux qui étaient à portée de main, je commencai à tresser le tissu. Bientot, j’avais confectionné une longue corde rouge brodée de fleurs. Priant pour sa solidité, je la confiai à l’aventurière. Elle en attacha l’extrémité au panneau (qui avait finalement prouvé son utilité) , et noua l’autre à sa flèche. L’arc se banda, et la flèche vola, et bientot, la corde se retrouva tendue entre les deux murs de la pièce.
-Aqua, tu es un génie ! , m’exclamai-je tout en commencant le périlleux exercice de funambulisme qu’il nous restait à effectuer. Bien que tremblante, je réussis à parcourir la pièce sans dommage. Aqua s’engagea à son tour avec agilité sur la corde improvisée.
Enfin, elle arriva à mes cotés au seuil de la porte salvatrice. Alors, sans un regard en arrière, nous quittâmes la sournoise Pièce-Hérisson.

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