Pièce n°216
Louvelo as Louvelo
J’entrai et refermai doucement la porte derrière moi, Dragon à mes côtés. Puis j’examinai les alentours.
Je restai bouche bée.
Devant moi se tenait une salle digne de figurer dans le palais d’un roi. La salle était immense, avec un parquet de bois verni, et des murs peins en doré. Un lustre en cristal pendait au plafond. La salle était éclairée par de grandes fenêtres qui laissaient passer la lumière du jour et éclairait quelques infimes particules de poussière flottant dans l’air. Je n’avais jamais vu de fenêtres dans aucune pièce, avant.
Au milieu, sur un tapis de velours pourpre, un trône était posé. Revêtu de feuilles d’or et de pierres précieuses magnifiquement taillées, il était aussi sculpté de motifs ouvragés.
-C’est très différent des autres salles, hein ? fis-je remarquer.
Dragon ne dit rien, mais hocha la tête, médusé.
Je fis quelque pas sur le tapis, réprimant l’envie d’enlever mes chaussures pour plonger mes orteils dans l’épais velours, et m’approchai d’une fenêtre. Derrière les carreaux de la vitre, à travers la mince couche de poussière, je pouvais apercevoir un magnifique jardin, avec des arbustes taillés et un petit bassin cristallin où quelques poissons nageaient. J’entendais quelques oiseaux gazouiller. Le ciel était bleu et le soleil brillait dans le ciel.
C’était irréel, impossible. En arrivant au château, épuisée par la marche à travers la montagne, affamée, j’avais bien remarqué que le château était construit au sommet, sur la pierre dure et grise. Aucune végétation n’aurait pu pousser là, et le ciel était obscurci par les nuages. Ce n’était pas possible…
Pourtant, au fond de moi, je savais que tout était possible, dans ce château enchanteur.
Je détachai mon regard de la vitre avec difficulté.
-Dragon… dis-je, les yeux levés au ciel.
Mon ami était assis sur le trône, un air majestueux sur son visage de dragon.
Il faut que je l’avoue, il était magnifique. Ses écailles brillaient, de toutes les couleurs, plus brillantes encore que les pierres incrustées dans le trône, et ses crocs blancs comme l’ivoire, étincelaient. Il semblait rayonner comme le soleil lui-même.
-De quoi j’ai l’air ? me demanda-t-il.
Je haussai les épaules, puis lâcha :
-Magnifique, fis-je. Qu’est-ce que tu veux que je te dise de plus ?
-Rien, dit-il, avec un grand sourire.
Je continuai mon inspection. Et c’est là que je remarquai un petit coffre posé sous une fenêtre. Je m’approchai, intriguée. Le coffre était ébréché, fait de bois rêche, d’un brun terne. Il semblait déplacé dans cet environnement royal. Je posais ma main sur le bois rugueux, et l’ouvrit.
Posé au fond du coffre, il y avait une dague acérée, étincelante. La lame était de la couleur du soleil couchant, rouge, orange, jaune, rose, comme un rayon de soleil tombé du ciel. Elle reflétait mon visage comme dans un miroir. Je portai la dague à mes yeux, pour mieux pouvoir l’examiner. Et c’est là que je remarquai quelques mots gravés dans le métal.
« Tombée du ciel, larme de feu, pluie de vent, croc de glace. Si la lame à ta ceinture pend, la vérité sera lourde et ton destin obscur. »
Je levai un sourcil. Cela semblait comme une malédiction… Je n’avais pas peur de malédictions. Et j’avais besoin d’une arme. Je glissai la dague à ma ceinture. Je m’immobilisai.
Je savais tout.
Je m’écroulai sur le sol, et perdit connaissance.