Violette as Violette ✿ (JBlogueuse/Château)
(ceci est une pièce 500)
Après être sorties en toute hâte de la pièce rouge contagieuse, ArtistElsa et moi entrons dans une grande pièce, très chaleureuse, chaude et illuminée….
…Et remplie d’aventuriers. Un nain à la longue barbe en habits moyenâgeux, une fille de dix centimètres tout au plus, une sorte de fantôme qui flotte dans les airs… ArtistElsa et moi reculons vers la porte, prêtes à se battre si nécessaire. Mais les aventuriers ne semblent pas du tout agressifs et un jeune garçon brun s’avance vers nous pour nous présenter.
-Bonjour ! Je suis Un Gars…, et je vous présente Poussière d’Étoile, le Petit Grand Nain, Esprit, Sara, Gabi, Leila et MissJuliette. Et vous, vous êtes… ?
Rassurée, je nous présente et je demande des explications. Poussière d’Étoile, la fille minuscule, nous explique qu’ils se sont tous retrouvés par hasard ici, et qu’il y a pour chacun un fauteuil sur mesure. Je trouve le mien et m’y enfonce avec bonheur, il est parfait pour moi…Puis elle ajoute qu’il y en a douze et que nous ne sommes encore que dix. Deux explorateurs sont donc encore attendus…
À peine a-t-elle fini ses explications qu’une onzième jeune fille entre. Nous l’accueillons chaleureusement et nous bavardons tranquillement, attendant le dernier explorateur. Pourtant, malgré notre tranquillité apparente, chacun reste anxieux à l’idée de ce qui pourrait bien se passer une fois que nous serons tous réunis…Pourquoi un tel rassemblement ? Un piège peut-être ? Certains de mes nouveaux amis semblent partager cette opinion. Esprit et ArtistElsa regardent autour d’eux avec appréhension, et je dois dire que je n’en mène pas large non plus. Ma main revient souvent vers la poignée de mon poignard fétiche (je l’ai depuis plus de mille ans maintenant !) accroché à ma ceinture, comme à chaque fois que je suis angoissée.
Puis enfin, une des portes de la salle est poussée et l’on voit apparaître une jeune fille aux allures de guerrière. Je m’avance pour la saluer mais je recule immédiatement d’un pas : plus de jeune fille devant moi mais…Une louve ! Elle grogne comme pour me mettre en garde, et ma main glisse vers mon poignard. Autour de moi je vois plusieurs autres aventuriers se mettre en position de combat, mais le Petit Grand Nain intervient rapidement.
-Calmez-vous ! Calmez-vous !
S’adressant à la louve, il continue :
-Mademoiselle, euh…Nous ne vous voulons pas de mal ! Nous sommes comme vous des explorateurs.
La jeune fille reprend forme humaine et dit s’appeler Louvelo. Elle reste méfiante mais une fois que tout lui a été expliqué, les doutes sont dissipés : nous sommes unis, nous sommes amis et nous nous battrons ensemble si besoin.
Et d’ailleurs…
Le silence tendu qui s’est installé dans la pièce est soudainement brisé par un roulement de tonnerre qui nous fait tous sursauter. Le sol commence alors à trembler, de plus en plus fort, comme un de ces terrifiants tremblements de terre que j’ai parfois vécu. Je voudrais me lever et courir dans une autre pièce en entraînant avec moi les autres mais j’ai l’impression d’être une statue de pierre collée à son siège, incapable d’agir. J’échange des regards horrifiés avec les autres aventuriers qui sont, de même, pétrifiés sur leur siège. Puis l’air devient étouffant, une poussière jaune vole tout autour de nous et je dois me protéger le visage du bras pour ne pas être blessée par le sable mordant.
Lorsque la tempête de poussière passe, au bout de quelques minutes, je me risque à ouvrir un œil et ce que je vois me terrifie.
Un homme immense nous surplombe de toute sa hauteur. Et pourtant….Non, ce n’est pas un homme. Il a quelque chose en plus, une sorte de majesté méprisante. Après plus de 1500 ans de voyages, j’ai connu bien d’étranges créatures, mais de telle être, jamais je n’avait entendu parler. Soudain, il se met à parler, d’une vois tonitruante qui résonne sur les murs de brique de la pièce.
-Les décennies passent, et pourtant il se trouve toujours des explorateurs pour s’aventurer entre mes murs. Toujours les mêmes imbéciles arrogants qui sont convaincus qu’ils parviendront à s’en tirer. Pitoyables. Qu’ils explorent une, dix ou vingt pièces n’a pas d’importance. Tous finissent par mourir ou par perdre la raison. Aucun aventurier ne m’avait jamais échappé.
Qu’est-ce qu’il raconte ? « Entre mes murs » ? Soudain, un sursaut de compréhension me réveille. Cette…chose, c’est le Château lui-même ! Je croise le regard de certains de mes compagnons. La lueur qui brille dans leurs yeux m’apprend qu’ils ont compris également.
-Jusqu’à aujourd’hui. Douze d’entre vous m’ont posé plus de problèmes en quelques mois que tous les autres aventuriers en cent ans. Il fallait que cela cesse. Mais apparemment, je me fais du souci pour rien. Vous avez sauté à pieds joints dans le piège.
Un rire, son rire, éclate brièvement dans la pièce. Comme je déteste ce rire ! Il reprend son discours, sans se préoccuper des yeux de Poussière d’Étoile, braqués sur lui, qui jettent des éclairs.
-Enfin, le principal c’est que je puisse vous détruire une fois pour toutes. Si vous voulez implorer ma pitié, je crains qu’il ne soit trop tard.
Implorer sa pitié ? De quoi rêve-t-il ? Jamais, jamais je n’implorerai cette créature immonde. Il semble avoir entendu mes pensées car son rire puissant résonne à nouveau tandis qu’il me regarde avec moquerie, puis il reporte son attention sur la petite Poussière d’Étoile.
-Tss tss. Pas même haute dix centimètres et elle pense pouvoir me défier !
La minuscule jeune fille le frappe de toutes ses forces avec son poignard. Mais que peut faire une lilliputienne contre un géant ? Une perle de sang coule sur la joue du Château et son regard devient mauvais. Il lui crie :
– Si c’est ainsi, meurs donc la première !
Horrifiée, je le vois commencer à étrangler mon amie. Je bondis, prête à tenter de le faire lâcher prise, mais Louvelo est plus rapide que moi : une louve argentée saute toutes griffes dehors sur le dos du géant, qui se redresse brusquement en hurlant de douleur.
Après avoir vérifié d’un regard rapide que Poussière d’Étoile n’a pas de blessure grave, je rejoins Louvelo à l’assaut du Château, accompagnée de tous les aventuriers. Je vois le Petit Grand Nain qui abat sa hache comme un fou sur le pied du géant, MissJuliette dans sa forme de chat lui griffer de toutes ses forces las jambes, Gabi se battre comme moi avec un poignard affuté….
Mais malgré notre grand nombre, malgré les incontestables atouts de combattants de certains d’entre nous, le Château nous repousse comme on repousse de simples mouches. Et petit à petit, il se met à grandir, grossir, de plus en plus imposant…
Alors que je repars à l’attaque en poussant un cri de guerre, ArtistElsa me hurle « Attention ! » avec force et j’ai juste le temps d’esquiver un énorme bloc de pierre qui atterrit exactement à l’endroit où je me trouvais une seconde auparavant. Je remercie ma coéquipière d’un sourire et je bats en retraite, repérant du coin de l’œil un abri improvisé par Un Gars sous la forme d’un buffet reversé. Ce n’est pas grand chose, mais c’est suffisant pour se protéger des morceaux de mur que le géant nous lance dessus.
Je rejoins derrière le buffet ArtistElsa, en compagnie de Leila et Sara. Gabi nous rejoint une seconde après, en apportant des nouvelles –de notre abri, nous ne pouvons pas voir grand chose du combat.
-Il y a Esprit qui s’attaque au géant, les pierres ne lui font pas mal. Quelques aventuriers essayent de le blesser aux jambes. Derrière un autre buffet je crois qu’il y a d’autres aventuriers qui essayent de se protéger…On fait quoi maintenant ?
Leila prend la parole :
-J’ai une idée. Il faut faire diversion sinon on n’y arrivera jamais, plutôt que de l’attaquer de front comme ça… Prenons Poussière d’Étoile, elle est petite et légère. Envoyons-la sur le visage du géant, ça le gênera et il ne pourra pas trop l’atteindre. Pendant ce temps on va tous ensemble le ligoter !
Ce coup de génie nous ravit tous. Pendant qu’ArtistElsa pars dans la pièce à la recherche de Poussière d’Étoile, Gabi, Sara, Leila et moi fabriquons en toute hâte un lance-pierre improvisé. À peine est-il fini qu’ArtistElsa et Poussière d’Étoile reviennent.
Nous lui expliquons rapidement la situation et la plaçons dans la minuscule catapulte, visant avec minutie…Et la voilà qui s’envole dans la pièce, évitant par miracle les blocs de pierre jetés en tous sens, pour finalement atterrir sur le nez du Château. En plein dans le mile ! Elle commence à escalader le visage du géant hurlant, tandis que mes quatre amies et moi surgissons en hurlant de notre cachette, lançant partout des lassos improvisés. Nos amis comprennent vite la manœuvre et s’y mettent avec nous, ou tentent d’empêcher le géant d’envoyer Poussière d’Étoile au loin par une simple pichenette.
En quelques minutes, le géant est jeté à terre, attaché, menacé. Mais il revient subitement à sa forme humaine et déclare d’une voix moqueuse :
-Pas mal…. Je n’en attendais pas moins de vous. A présent qu’on s’est amusés, on peut passer aux choses sérieuses.
Immédiatement il disparait, et à sa place surviennent des centaines de harpies grimaçantes qui se jettent sur nous. Je veux me protéger avec mon poignard, mais peine perdue : je me retrouve soudain à me battre contre de l’eau. Et d’un coup, c’est une tornade dévastatrice qui apparaît….La pièce s’emplit d’un vacarme assourdissant tandis que les cataclysmes se déchaînent les uns à la suite des autres, imprévisibles. Imprévisibles ? Vraiment ? Il y a un déclic dans ma tête. Je croise le regard de Poussière d’Étoile, elle a compris. Elle me fait des signes de la main et tout s’explique pour moi également : les transformations suivent un ordre précis, inchangé. Je la rejoins avec difficulté, près d’ArtistElsa et un Gars, qui m’accueillent à bras ouverts. Une fois le torrent d’eau noire déferlant passé, je hurle « Tornade ! » et tous s’agrippent aux murs les plus proches. Puis Leeko crie « Aigles ! », et nos épées se lèvent, en position de combat…
Enfin, nous sommes tous réunis, dos à dos, prêts à combattre, avertis à l’avance de chaque transformation. Je n’ai plus peur, et je me surprends dans le tumulte à éclater de rire ! Le Château sera vaincu, cela se voit à son affaiblissement évident, et mes amis en sont également conscients, aucune vie n’est plus en danger. Et lorsque le Château reprend forme humaine, haletant, épuisé, vidé de ses forces, tous les aventuriers sont rieurs comme des gamins. Nous nous jetons sur lui, prêts à en finir, mais nous atterrissons sur du vide : le géant a disparut. Hagarde, je jette des regards autour de moi.
-Que…Il est parti ?
Demande la petite voix de Miss Juliette. Sara lui répond avec joie :
-Oui, je crois que oui, mais on l’a bien affaibli ! Il ne nous embêtera plus pendant un bon bout de temps. Mais je pense que nous ne devrions pas nous attarder dans cette salle…
-Et je pense que nous devrions nous séparer, continue-je en soupirant. Nous en avons fait l’expérience, l’union fait la force mais il aurait mieux valu ne pas nous retrouver ainsi ensemble pour ne pas nous faire attaquer.
Mes amis hochent la tête, mais nous décidons malgré tout de rester un peu ensemble dans la salle…Et l’un des meilleurs moment de mon exploration du château débute alors : tous les explorateurs présents laissent éclater leur joie, se serrent dans leurs bras, discutent parmi les débris de la salle. Sarah sort d’on-ne-saît-où des paires de rollier, et nous slalomons en riant entre les blocs de pierre… Puis enfin, au bout d’une ou deux heures, nous partons tous, un à un, par telle ou telle porte, dans le silence triste des adieux. Pourtant j’ai l’impression que nous nous reverrons bien vite…
ArtistElsa et moi ouvrons une porte grise que personne n’a encore pris. L’aventure continue…
EXPLICATIONS du Projet Pièce 500 : À l’occasion de la 500ème pièce du Château, un groupe d’explorateurs (La chatte qui pêche, Miss Lovegood, Un gars…, Miss Juliette94, Le petit grand nain, Gabi, Leïla#♥, Violette, Papergirl, Leeko, Enfant des mers, ArtistElsa) ont décidé, sur une idée de La chatte qui pêche, de faire une pièce collective où ce groupe rencontrerait le Château et l’affronterait. Nous nous sommes basés sur un premier texte de La chatte qui pêche pour écrire la même pièce, mais chacun de notre propre point de vue.