le petit grand nain as Le petit grand nain (JBlogueur/Château)
La première chose que je vis, ce fut l’obscurité. L’absence totale de lumière, et l’oppressante atmosphère du lieu. Je regrettai instantanément d’être sorti de l’autre pièce aussi vite. Je me retournai, espérant voir Un gars arriver. Je sentais confusément que quelque chose dans cet endroit n’allait pas, mais je ne distinguais pas quoi.
La pénombre disparut d’un coup. L’explosion fut si soudaine que je n’eut pas le temps de ressentir la douleur. Mon corps fut propulsé contre un mur et plusieurs de mes articulations cédèrent. La suite, je ne m’en souviens plus, et parmi les personnes présentes à ce moment-là, personne n’a une idée précise de ce qui a eu lieu, mais les différents versions s’accordent en général sur certains points.
Déjà, tout le monde s’accorde à dire que le premier à être entré est le Hobgobelin. C’était la première fois que nous le rencontrions. Après, personne, pas même lui, ne se rappelle la réaction qu’il a eu. Ce qui est certain, c’est qu’il a encaissé l’explosion sans trop de douleur. Même s’il est entré en premier, c’est Un gars qui m’a rejoint le premier. Il avait une épée à la main, mais personne n’aurait su dire à quoi elle ressemblait. L’Elfe du temps suivit, et plutôt que de fermer la porte la brisa.
Une deuxième explosion retentit, moins violente cette fois, et plus éloignée. Un gars me releva, le Hobgobelin s’approcha de l’Elfe du temps et commença à lui parler, et quatre soldats en noir entrèrent par la porte cassée.
– Ce sont les hommes de l’Elfe du temps, m’informa rapidement Un gars. Ils le suivent partout, et sont très dangereux si on n’a pas de pouvoirs magiques suffisants (eux n’en ont aucuns).
– Mais… balbutiai-je, encore sous le choc. Ce n’était pas un temple, ici ?
– C’en est la première salle, me répondit Un gars. Un simple test de survie, pour ne garder que des gens un minimum débrouillards ou puissants.
– Donc l’explosion faisait partie du test ?
Le regard de Un gars s’assombrit.
– Non. L’Elfe du temps vient de me dire qu’il avait perdu le contrôle de cette salle, il ignore comment.
– On avance ! nous cria celui-ci. Courez !
Je suivis Un gars, qui suivait l’Elfe. Le Hobgobelin, lui, se retourna.
– Qui est-ce ? demanda Un gars.
Comme l’Elfe se retournait pour lui répondre, tous les pièges se déclenchèrent en même temps. Des herses s’abattirent, m’isolant des deux autres et nous empêchant de fuir, tandis que des piques surgissaient des murs, nous obligeant à nous tenir au milieu du chemin. Des pierres commencèrent à tomber, et je me surpris à penser que j’allais peut-être mourir plus tôt que ce que prévoyait la prophétie, tout compte fait.
D’un seul coup, tout s’arrêta. Les herses se soulevèrent, les piques réintégrèrent leurs places.
Le Hobgobelin nous rejoint, haletant.
– C’est bon, tes hommes les retiennent. J’ai eu le temps de désactiver les pièges.
– Parfait, dit l’Elfe. On continue. Faites attention, les murs sont recouverts d’acide sur les vingt prochains mètres.
Nous arrivâmes rapidement au bout du tunnel, mais malgré l’absence apparente de danger, le Hobgobelin regardait plus en arrière que devant, et l’Elfe avait sorti deux armes.
– On y va ? demandai-je. Il faut trouver un moyen de contrer la prophétie.
L’Elfe du temps me jeta un regard de compassion.
– Je crois que cette fois, vous ne pourrez pas annuler la prophétie. Ce qui est possible, c’est qu’elle se réalise quand même mais que vous en réchappiez. « Tomber » peut signifier « mourir », mais pas forcément. Et de toutes façons, il vous reste une importante chance de ressusciter ensuite. Gardez espoir, mais faites ce qui est nécessaire. Moi, je vais retenir quelqu’un qui est entré et n’aurait pas dû.
– Qui est-ce ? l’interrogea Un gars.
– La Créature, répondit simplement notre interlocuteur avant de partir en courant vers le fond de la pièce. Le Hobgobelin vous protègera !
Nous nous tournâmes vers ce dernier.
– Suivez-moi, fit-il.
Il ouvrit la porte. Un bruit sourd retentit et il bascula en arrière.
– Le monstre est neutralisé ! dit une voix sortant des profondeurs.
« Tu es fichu », dit simplement Awitchakaën, parlant pour la première fois depuis des heures. « Je ne peux plus m’éterniser… J’espère que tu me pardonneras. Nous nous reverrons peut-être… »
Je sentis que sa présence se dissipait. Il m’avait déjà abandonné…
– Comment ont-ils franchi les autres pièges ? s’écria Un gars.
Il sortit son épée. Deux soldats à l’apparence semblable aux hommes de main de l’Elfe du temps entrèrent. Le premier se débarrassa de mon compagnon d’un revers. Le deuxième se tourna vers moi…
Je saisis son regard au vol. Il eut un unique temps d’arrêt, puis tira à l’aide d’un petit pistolet. Sa balle m’atteignit à l’épaule, et je tombai. Avec un cri de rage, je lui jetai ma hache dans les jambes et me relevai.
Une dizaine de soldats entrèrent, équipés d’armes à feu.
– Mais qu’est-ce que vous faites ? leur hurlai-je. Vous êtes des alliés de l’Elfe du temps !
Un sourire se dessina sur le visage de la plupart des hommes. Ils ouvrirent tous le feu en même temps.
La première balle me toucha en pleine tête, sur le côté du front.
Toutes les autres se logèrent à différents endroits de mon armure. Je perdis connaissance, mais mon cœur battait encore.
Les véritables hommes de main de l’Elfe arrivèrent juste avant que les faux ne m’achèvent. Ils tuèrent quelques-uns des soldats au prix d’un mort, et les ennemis restants fuirent.
Quand Un gars se réveilla, il ne restait que les alliés de l’Elfe et le Hobgobelin, un peu blessé lui aussi. Le Hobgobelin ordonna tout de suite que l’on change de pièce.