Encore une fois, le verre cède. Encore une fois, nous tombons. C’est une habitude à prendre, dans le Château. On finit par s’y faire.
Devhinn m’aide à me relever et récupère son manteau parmi les bris de la vitre.
—Bonne nouvelle, on est bien dans le campement. C’est étrange à regarder. Les murs sont bien là, présents, gris et mornes. Et pourtant, si on arrive à en faire abstraction, on pourrait croire que l’on est au milieu des bois. Il n’y a personne.
Je l’écoute, mais pas vraiment. Je n’entends plus Ombre, et ce silence me terrorise. Il ne reste qu’une sensation de vide encore plus forte que précédemment.
—On va où, Analayann ?
Je n’en sais rien. Je ferme inutilement mes paupières pour m’aider à me concentrer.
—Il n’y a rien du tout, dans les tentes ? Tu disais voir des gens.
—Ouais, des silhouettes à travers les toiles, mais là je ne les vois plus. Juste de la lumière. Je vais regarder.
Les pas d’Un gars s’éloignent dans la mousse. Puis le frottement d’un tissu contre un autre.
—Celle-ci est vide.
Encore des pas. A nouveau le tissu.
—Celle-là aussi.
Même scénario.
—Et la dernière… Il y a des escaliers ! Attends, je viens te chercher.
Aussitôt dit aussitôt fait. Le sol s’enfonce, souple, sous mes pieds nus, agréable au toucher tandis que je me fais guider jusqu’à notre porte de sortie. Il m’aide à me baisser devant l’ouverture. Un courant d’air froid en sort. Nous restons immobiles, à nous demander s’il faut y aller. Ce que je croyais être le silence qui m’avais envahi n’en est pas un. En réalité, je perçois un battement sourd. Loin. Mais indubitablement présent. Et plus fort encore ici qu’à notre entrée. Je hoche la tête à une question qui n’a pas été posée explicitement.
—Je passe devant.
Devhinn m’aide à entrer, m’entrainant à sa suite pour atteindre les marches, puis, un pied après l’autre, à suivre ces dernières pour s’enfoncer dans le sol.