LA SALLE DE RÉUNION DE L’AVDA
LA SALLE DE RÉUNION DE L’AVDA

LA SALLE DE RÉUNION DE L’AVDA

Pièce n°1784
Écrite par shwaan_fehish
Explorée par Ragana

La pièce où je suis semble immense et est plongée dans le noir. Seul son centre est éclairé, et je peux y voir une douzaine de chaises, disposées en cercle, sur lesquelles sont assis des gens. L’une d’entre eux est en train de parler, mais je ne l’entends pas encore. Je marche vers eux.

En arrivant auprès du groupe, je comprends qu’il s’agit d’un cercle de discussion, à en voir les mines troublées des membres. Je fais désormais face à celle qui parle. Elle me remarque, et tous se tournent alors vers moi. Je les salue timidement, et ils me répondent en coeur et d’une voix monocorde « Bonjouuur Ragana ». Comment connaissent-ils mon nom? Une femme alors se lève et me sourit. « Bienvenue à toi Ragana. Nous sommes la AVDA, l’association des victimes de droitisation anonymes. Viens. Joins-toi à nous. » Me dit-elle d’une voix chaleureuse tout en m’indiquant un siège. Je m’exécute. Tout le monde semble un peu gêné jusqu’à ce qu’un vieil homme prenne la parole pour s’excuser publiquement d’avoir fait des remarques désobligeante à son petit enfant pendant des mois quand iel lui a annoncé sa non-binarité. Puis une jeune femme suit son exemple et raconte comment elle se moquait de son amie, remettant en cause sa bisexualité parce qu’elle ne sortait qu’avec des garçons puis fond en larmes. Se levant pour aller la consoler, un jeune homme explique que plus jamais ils ne cherchera à convaincre ses amies que « Tu sais, tu peux pas faire de généralités, y a des hommes bien aussi. » puis se met à pleurer de concert avec la jeune fille. Enfin, un quinca aux allures de patron cool, qui jusqu’ici était resté impassible et calme, enfouit soudainement sa tête dans ses mains et implore le pardon de ses proches pour ses raccourcis répétés entre guerre au Moyen-Orient, féminisme et port du voile. Tout ce beau monde se lamente en s’embrassant pendant quelques minutes, puis se rassoit dans le calme. La femme, qui précédemment m’avait invité à m’asseoir reprend la parole: « Ça fait du bien de pleurer. Et par vos pleurs, vous avez évacué toute la frustration qui vous a poussé à dire et faire ces choses. Maintenant vous êtes prêts à retourner dans vos vie et à aimer votre entourage sans leur faire de mal. N’oubliez pas, seul l’amour guérit. » Tout le monde alors se lève de sa chaise et disparait dans la pénombre, mais moi je reste là, abasourdie par ce à quoi je viens d’assister. L’animatrice de la séance reste elle aussi. Elle se tourne vers moi et me demande d’un air compatissant: « Tu n’as rien dit et rien pleuré, Ragana. N’y a t-il donc rien qui te pèse au fond? » « Je…je sais pas..je… » commence-je la gorge serrée. « Si, je sais…J’ai dit à ma fille qu’elle devrait prendre plus soin d’elle et qu’elle devait perdre du poids. Et depuis elle ne veut plus me parler… C’est pour ça que je suis partie au Château. » Les larmes commencent à peine à couler sur mes joues que la femme me prend dans ses bras. J’y reste pleurer quelques instants, puis elle m’accompagne vers la sortie de la pièce tout en me tenant par l’épaule. C’est vrai que ça fait du bien de pleurer. Sniff.

Auteur-ice : Shwaan Fehish

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3 commentaires

  1. Ohoh ! Une information notable pour les chroniqueur-euses du Château : celui-ci compte une nouvelle association… A voir avec le temps s’il ne faudra pas plutôt la compter au nombre des sectes (avec le côté « bonjouuur Ragana » :D)
    C’est intéressant de voir les premiers développements biographiques de ton personnage !

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