LA PIÈCE DE LA GALERIE PHOTOGRAPHIQUE
LA PIÈCE DE LA GALERIE PHOTOGRAPHIQUE

LA PIÈCE DE LA GALERIE PHOTOGRAPHIQUE

Pièce n°1850
Écrite par Najcha
Explorée par Lilëel
Rédigée lors d'un atelier d'écriture

Encore somnolente, j’étouffe un bâillement. Je continuerais bien à dormir des jours, s’il n’y avait cette odeur qui fait frémir mes narines. Forte, désagréable, cela ressemble à du… crottin de cheval ? Je tourne la tête mais l’effluve demeure aussi prégnante. Ne me dites pas que je me suis endormie sur du crottin de cheval !

Cette angoisse me réveille tout à fait. M’arrachant à la douce chaleur de l’être humain qui dort à côté de moi (ou de l’être tout court ? voire de la chose ? – les conditions de mon endormissement m’apparaissent obscures), je m’éloigne de ma couche en me frottant les yeux. J’ai à peine fait quelques pas que mes pieds sont pris de démangeaisons, si fortes qu’elles me font l’effet de brûlures… Pourtant, le sol n’est qu’une terre battue classique. Je m’éloigne, dans l’espoir que cette horrible sensation soit liée à une zone spécifique mais la douleur ne fait que s’accroître. De la plante de mes pieds, je la sens envahir mes mollets, si forte qu’elle me fait presque vaciller ! De justesse, je m’accroche à un siège placé dans le coin de la pièce et m’y installe.

Fffffffiou. Est-ce le bruit du soupir que je pousse en sentant la douleur s’apaiser ou celui de mes pieds qui grésillent comme une poêle brûlante sur laquelle on aurait versé de l’eau ? Toujours est-il que le repos accordé par ce siège providentiel me permet d’observer autour de moi. La pièce dans laquelle je me trouve, construite toute en longueur, est couverte de photographies. Au vu de la disposition façon musée, on pourrait croire à un travail d’artiste mais les compositions se révèlent vite parfaitement banales. Il ne s’agit que d’une myriade de photos de famille, de classes, d’anniversaires, de rituels, de vacances… Comme si un inconnu avait découpé tout son album personnel pour l’exposer là, sur ces murs. Tous ces visages qui regardent fixement l’objectif, qui me regarde… c’est un peu gênant.

— Huuuu !

Je sursaute. J’étais si absorbée par la contemplation du mur à côté de moi que je n’avais pas senti arriver celui qui constitue désormais le suspect n°1 des odeurs de crottin. Il s’agit d’une licorne de la taille d’un poney, caramel à tâches blanches, avec quelques reflets rouges ici et là. Une licorne… qui me regarde, pointe sa corne vers moi de façon accusatrice et continue de me hennir dessus ? Une licorne dont je comprends les hennissements ?!

Allez Lil’, monte, arrête ton cirque.

Lil’ ? Qui s’appelle Lil’ ?

Attendez, comment je m’appelle, en fait ?

Je suis tellement confuse que je me laisse embarquer par la licorne, qui me fait glisser sur son dos et commence à traverser la pièce en direction de deux portes battantes. Nouveau hennissement : ça va, pas trop mal aux pieds ?

— Mal aux pieds ? Comment tu sais que j’ai mal aux pieds ?

Tu es allergique à la terre, enfin. C’est même pour ça que j’existe. Pour t’éviter de te brûler tous les quatre matins.

All… mais oui, allergique à la terre. Je m’appelle Lilëel et je suis allergique à la terre. D’où la présence de… Oan, ma licorne d’assistance. Les pièces du puzzle s’emboîtent subitement dans ma tête. Je m’appelle Lilëel, je suis allergique à la terre, je vis avec Oan, ma licorne d’assistance et je viens de… L’image floue du forêt dense et labyrinthesque s’impose à moi. Je viens d’un endroit boisé, donc. Mais alors, qu’est-ce que je fais dans cette galerie photo ? Et j’étais où, avant ?

Eeh ! Ces photos ! Se pourraient-ils qu’elles comportent des indices sur les raisons de ma présence ici ?

Je n’ai pas le temps de me retourner pour les observer que ma licorne a déjà passé le seuil de la pièce suivante… les portes se refermant instantanément derrière elle.

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4 commentaires

  1. Lev

    « Encore somnolente, j’étouffe un bâillement. Je continuerais bien à dormir des jours » : une phrase qui aurait pu être extraite, verbatim, de mon cerveau tous les matins avant d’aller au travail.
    Trop cool ce concept d’une personne (Amnésique ! Elle aussi ! Dis-donc, c’est répandu, ce truc) munie d’une licorne d’assistance pour pallier son allergie à la terre. Fallait y penser !

  2. Il se passe tellement de choses !
    (Des photos de rituel ? Lilëel est membre d’un clan, druide ou autre ??)
    Une licorne ! Et ce n’est même pas le plus incroyable de la pièce : Lilëel est allergique à la terre 😮
    Pas cool comme maladie, bichoune. Après c’est pas tout le monde qui peut se vanter d’avoir une licorne d’assistance XD (Certes un peu trop pressée mais c’est un détail)

    1. Oui c’est un peu dense et beaucoup de chaos x) La pièce a été écrite d’après un projet de saga mis en place en atelier d’écriture il y a quelques mois, qui concerne notamment Sols’tice et Zigzag. On avait notamment comme contrainte une allergie, pas facile à inventer ! (Fin, si, on peut être allergique aux graminées, mais ça n’a pas de grand potentiel fantastique… )

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