Pièce n°608
Écrite par le petit grand nain
Explorée par le petit grand nain
En compagnie de Devhinn
Fait partie de la saga << < Chutes prophéties et assimilées > >>
Quand ils m’expliquèrent tout, ça me fit un choc. Ce Vic avait quelque chose de familier qui ne me marqua pas tout de suite lorsque je le vis, et il commença à raconter, soutenu par Un gars. Etant donné que pour moi Un gars n’avait jamais disparu, ce fut dur à accepter qu’entre deux secondes, il ait pu rencontrer cet être et apprendre tant de choses. Malgré tout, comme Un gars, je le croyais, sans pouvoir m‘expliquer pourquoi. Quelque chose, cependant, m’intriguait chez lui, quelque chose que je ne parvenais pas à cibler. Une étrange impression de déjà-vu…
– En tout cas, commença Vic, il s’est récemment passé des évènements que je ne pouvais pas prévoir, que PERSONNE n’aurait pu prévoir, mais qui ont chamboulé les plans de nombre de gens. Je sais que le Château s’attendait à ce que vous mouriez dès la première apparition de soldats, mais pas un seul de ses propres hommes n’avait un niveau de combat à la hauteur de ce qu’il attendait. L’apparition du GDIR et de ses oiseaux l’a pris complètement au dépourvu et a ruiné ses ambitions de meurtre rapide des deux explorateurs les plus « à problèmes ». Parce qu’il ne faut pas oublier que si le petit grand nain se débrouille bien à la hache et qu’Un gars a une bonne visée et est très ingénieux, vous n’êtes pas les plus puissants des aventuriers… Loin de là, même. L’un des anciens explorateurs était un dragon, vous avez rencontré une métamorphe pouvant devenir une louve, et un esprit quasi-invulnérable. Ce ne sont que les exemples les plus flagrants, mais je pourrais continuer longtemps. Alors, certes, vous n’êtes pas les plus puissants. Mais les véritables puissants se sont tous quasi sans exception intéressés à vous. Le Château, bien sûr, et son plus grand ennemi, que vous ne connaissez toujours pas ; par conséquent, les deux GDIR, les aigles du GDIR n°1, un grand nombre de soldats du Château (rares sont les explorateurs qui ont eu à les affronter), et plus particulièrement le grand petit nain, à cause de son lien avec vous. »
Il avait dit tout ça presque d’une traite, et son discours m’avait pourtant paru plutôt clair.
– Et, bien sûr, votre cousin, qui est donc un élément-clé de ce qui se joue à présent. Mais, par-dessus tout, il y a une personne qui a surpris tout le monde par son intervention et sa prise de position : le squelette. Le squelette a une importance cruciale et plus de pouvoir que nombre de gens. Vous apprendrez tout sur son cas d’ici quelques jours, si tout se passe comme je l’entends. »
– Et… Intervint Un gars. Quelqu’un pourrait m’expliquer ce qui s’est passé dans la pièce précédente ?
– Commençons à avancer, répondit Vic. Nous te raconterons en chemin.
– Attendez, dis-je. Tu ne te souviens plus ?
– Non, je… On est sorti de la pièce, on a commencé à monter des escaliers… Il y a eu un combat, je me rappelle. Et… Il y avait des oiseaux, non ? Des oiseaux, oui, qui pouvaient se transformer…
Puis son visage parut changer.
– Se transformer ? Non, ce n’est pas possible, ce ne doit pas être ça…
– Euh, si, ils se transformaient… Pourquoi tu as changé d’avis ?
Soudain, Vic, qui se taisait depuis quelques secondes, lança un ordre bref :
– Par là !
Il se précipita dans une pièce avoisinante, à la porte grise. Au moment où nous fermions la porte, une créature vaporeuse entra dans la pièce où le Château avait été vaincu et observa autour d’elle en ricanant, avant de foncer sur une porte et la traverser. C’était la direction qu’avaient prises Esprit et Poussière d’étoiles.
– C’est Lucifer, murmura Vic en reprenant son souffle. Un démon qui soigne énormément son aura de peur et qui possède de puissants pouvoirs, même s’ils sont sans commune mesure avec ceux du Château, du petit nain de grand ou même de moi. Mais mes pouvoirs se limitant à l’attaque, je n’aurais pas pu vous protéger tout en l’affrontant.
Plus je l’écoutais parler, plus je réalisais que sa voix ne m’était pas inconnue.
– Vous avez dit que ses pouvoirs étaient sans commune mesure avec ceux de mon cousin, remarquai-je. Ses pouvoirs sont donc puissants ?
– Pas encore, répondit-il. Vous saurez tout rapidement.
Il regarda autour de lui.
– C’est bien ce que je pensais, dit-il. Nous avons eu de la chance, cette pièce est amie !
– Bien la première fois, remarquai-je. Comment cela se fait-il ?
– Eh bien, nous sommes dans un secteur qui appartient au maître du GDIR n°1. Un secteur de pièces à notre service, donc.
– Et celles tout autour ? demanda Un gars.
– Eh bien… C’est compliqué. Disons que la construction du Château a quelques particularités.
Il soupira, puis reprit :
– Nous sommes à sept kilomètres de la pièce d’où nous venons de sortir.
– Ca ne m’étonne qu’à moitié, dit Un gars.
– Et qu’a de spécial cette pièce, à part qu’elle est inoffensive ?
– Eh bien justement, elle n’est pas inoffensive, rétorqua Vic. Si vous entriez seuls, à l’endroit où vous êtes…
Il hésita un moment, puis :
– Démonstration.
« Mode immobilisation, commença-t-il d’une voix aux sonorités électroniques. Sans blessures ou chocs. Pas de déplacements des cibles. »
Un violent flash lumineux m’éblouit. Un son strident me fit tomber à terre par sa violence, et je sentis des fils s’enrouler autour de moi. Clignant des yeux, je constatai que j’étais enfermé dans un filet avec Un gars, sans liberté de mouvement.
– « Annuler », conclut Vic. Le filet, qui était attaché par des cordes au mur, se rétracta.
– Et ainsi, nous pouvons soit neutraliser, soit blesser, soit affamer, soit rendre fou, soit surprendre, soit tout simplement tuer. Et nous avons un certain nombre d’attaques magiques.
– Ah, fit Un gars. Et… C’est pareil dans beaucoup de pièces ?
– C’est la seule, mais l’accès aux autres pièces menant à la résidence du maître du GDIR n°1 est étroitement surveillé. Certaines sont plus difficiles à prendre d’assaut qu’elle, même. Bon, c’est rare, car celle-ci est quand même à un point d’accès relativement stratégique, puisque toutes les pièces qui convergent à l’endroit où vous avez combattu le Château y mènent. Mais…
– Mais ?
– Elle a déjà été attaquée. Et franchie.
– Quoi ? Mais… Par qui ? Et qu’est-ce que ça a causé ?
– Que des bonnes choses, sourit Vic. Déjà, la sécurité de la pièce a été renforcée à un point proprement hallucinant, et surtout, nous avons gagné un allié incroyable…
– …le GDIR, complétai-je.
– Mais comment être sûr que s’ils ont réussi à la franchir une fois, ils ne réussiront pas une deuxième fois ? demanda Un gars.
– Parce que dans ce cas-là, c’est qu’ils sont suffisamment forts pour vaincre tous nos hommes réunis. Vous ne réalisez pas à quel point il est compliqué de franchir cette salle.
Vic parut sur le point de dire quelque chose, mais nous demanda finalement de le suivre.
En sortant de la pièce, je ne pus m’empêcher de jeter un regard de doute derrière moi. Le lieu était si vide, si…
– Vous ne me croyez toujours pas ? lança Vic.
Il porta la main à sa tempe. Une rangée de piques apparut sur tous les murs, et une rafale de mitraillette balaya la salle de haut en bas.
Plutôt rassuré, je me tournai vers Vic.
– Alors, convaincu ? sourit-il.
Et je sus ce qui m’avait paru familier dans sa voix, sur cette unique phrase : c’était lui.
Le Prisonnier.
Il me regarda, et dit :
– Ah, enfin ! J’attendais que vous le réalisiez, je vois que c’est fait. Mon cher Un gars, votre camarade vient de reconnaitre en moi le Prisonnier qu’il recherche depuis ses débuts dans le Château, à juste titre, bien sûr.
– Mais… bredouillai-je.
– J’étais bel et bien prisonnier lorsque tu as entendu mon message. La salle dans laquelle tu étais, la Pièce des Mirages, était particulièrement propice à la transmission, c’est donc tombé sur toi. Tu m’as vu très petit, et c’est ce que j’étais : le Château m’avait incroyablement affaibli, physiquement et psychologiquement. Ce qui fait qu’il a surpris mon message, et, croyant que je t’avais visé intentionnellement et que par conséquent tu devais être dangereux, il a tenté de te tuer. D’autant qu’à cette période tu venais de tuer Sauron, souviens-toi… Peu de temps après, j’ai eu encore besoin de ton aide et t’ai appelé. Mais le GDIR n°1, assisté de son maître lui-même, a choisi ce moment pour me délivrer. Ce qui fait que tu es venu pour rien et t’es fait capturer. Ensuite, pour te libérer, nous avons réussi à mettre Un gars sur ta piste, et à lui faire croiser le chemin de ton cousin, qui vous a en fait tous sauvé. Vous pensiez que si le petit nain de grand avait survécu, c’était parce que le GDIR 2 avait obéi aux ordres, et que ceux-ci ne mentionnaient pas de le tuer ; eh bien ils le mentionnaient. Il s’est tout simplement téléporté. »
Un gars me regarda. Je regardai Un gars. Nous regardâmes Vic.
– Quoi ? dîmes-nous en même temps.
Vic rit, puis dit :
– La personne que vous allez rencontrer vous dira tout ça mieux que moi.
Il poussa la porte, qui était constituée d’un hologramme par-dessus un mur de flammes. Il éteignit l’hologramme avant de pousser la porte comme si elle était normale. Il nous fit signe d’avancer, et je sentis la chaleur des flammes me lécher la joue.
Et la voix du maître du GDIR 1 retentit.