Pièce n°1833
Écrite par didou
Un tribunal.
Le château, blâmable de tous les crimes, des pires tortures et d’horreurs sans nom, possède un tribunal en son sein. L’ironie m’aurait arraché un sourire si la rage de la pièce précédente ne m’aveuglait pas encore.
Sans accorder un regard aux colonnes richement décorées jouxtant le tapis rouge d’une allée centrale, je m’élance vers un homme en robe noir, la garde de Mecelsen serrée entre mes doigts.
— Vous devez être… commence-t-il.
— Coupable.
D’un geste devenu habitude, je tranche la tête du procureur. Tente de trancher la tête du procureur. Mais la lame pourtant affûtée de Mecelsen ricoche contre sa gorge sans lui causer le moindre dégât.
Tout au plus incline-t-il la tête sur le côté et se frotte-t-il son cou avec impassibilité.
— La Garde ne vous a donc pas prévenue ? Les…
Une nouvelle tentative avortée lui coupe la parole. Je grogne, tranche, coupe. Dans une danse aux mouvements hypnotiques, je tourne autour de l’insolent et le lacère de tous les côtés.
Mais rien n’y fait.
L’autre encaisse mes assauts comme s’il ne s’agissait que de piqûres d’insectes et lorsque mon ballet finit par l’agacer, claque des doigts.
Mecelsen disparait aussitôt de ma main et eu lieu du revers de la lame, ce sont mes phalanges qui heurtent le visage du procureur. Ce dernier me retourne un haussement de sourcils.
— Les armes sont interdites dans le tribunal.
— Interdites ? je répète en soufflant du nez, si ivre de rage que je ne pense même pas à m’inquiéter pour ma chère épée. Pauvre imbécile. Mon corps entier est une arme. Je suis Yubi al-Deus, Babès le Grand, Az Eros l’immortel. Je suis…
— Dans ce cas, vous n’avez rien à faire ici. Votre dossier sera examiné et jugé sans votre présence. Pour toute contestation, merci de vous présenter à l’accueil dans un délai de huit jours calendaires et de réclamer l’annexe B40 du document GR305-58.D.
J’ouvre la bouche. Ai juste le temps de l’apercevoir claquer des doigts que je sens une force irrépressible m’attirer vers le bas. Humhum. Pas vers le bas. En moi.
Un tourbillon se forme au niveau de mon ventre. Un instant encore, je défie du regard le procureur. Puis je me rétracte sur moi-même et disparait.
De nouvelles preuves des formalités administratives infernales du Château ! Vive la paperasse !
Sympa, cette pièce ! Les poings d’Altixor auraient pu disparaître comme Mecelsen, ça aurait été rigolo !
Il pourrait être intéressant de développer la haine de la justice d’Altixor… si ce n’est pas juste un instinct de « passons à la pièce suivante, qu’on en finisse »