Pièce n°1812
Écrite par Aztran Maist
Je ferme la porte le plus rapidement possible. Un violent coup dans celle-ci me projette au sol. Je me met en boule, les mains sur les oreilles pour ne pas entendre ces cris atroces. Et j’attends la mort.
Rien.
Plus aucun bruit, pas de cris, pas de coups sur la porte. Le silence.
Je me relève. Je m’approche de la porte et mets ma main sur la poignée. Puis je me ravise.
Des larmes coules sur mes joues “Mais putain, où je suis? Qu’es qui se passe?”
Je me met à genou, mon front coller sur la porte et je pleure.
Après quelque minute j’essuie mes larmes et me relève. Mes nerfs ont craqués. Je suis épuisé. Je me retourne et regarde la pièce dans laquelle je suis. Elle est carré – la tour était pourtant ronde –, il y a un foyer allumé, et une marmite est suspendue au-dessus. Devant se trouve une table en bois avec quatre chaises, devant chacune sont posés des assiettes creuses, des couverts – couteaux, fourchette et cuillère – ainsi que des serviettes de table en tissu de mauvaise qualité. La pièce est éclairée par deux lampes à essence posées sur ladite table. Enfin, sur ma gauche se trouve un lavabo. A part cela il n’y a rien d’autre, pas de décoration. Sur ma droite un escalier – “Oh non faites qu’il soit normal celui-là” – mène un étage.
Je décide de poser mes affaires sur la table, et prend un couteau. Puis je passe ma tête au-dessus de la première marche de l’escalier pour voir où il mène. “Un plafond, ouf”. Je monte doucement, sur mes gardes, tenant fermement le couteau dans ma main.
Presque arrivé en haut je passe ma tête juste au dessus du sol pour observer discrètement la pièce. Il s’y trouve un lit, soigneusement fait, une table de chevet sur laquelle se trouve une autre lampe et un livre . Un coffre est posé à côté. Je fini de monter. La pièce semble plus petite que celle d’en bas. Et puis, il n’y a pas d’autre étage. La tour semblait pourtant bien plus grande. Je remarque un autre détail. De l’extérieur on voyait des fenêtres, là les seules sources de lumière sont des lampes et le feu, il n’y a pas d’ouverture dans les murs. Je suis face au lit. J’ai bien envie de pioncer, mais je vais d’abord aller manger. Je me retourne et vois une vision d’horreur. Un homme, ayant des cernes immenses, un costume souillé, déchiré par endroit, il a les cheveux gras et sale, porte une barbe de bien plus de trois jours et…c’est un miroir. “J’ai vraiment une sale mine moi”.
Après avoir été choqué par mon propre reflet, je redescends. Je regarde dans la marmite. Un ragoût y mijote. Un bon relent de lapin, de carottes et de pomme de terre sans dégagé. Je trempe mon doigt dedans “Aïe! C’est chaux”, je le ressors rapidement. Je me suis brûlé comme un idiot. Je me dirige vers le lavabo, l’eau coule “Comment il peut y avoir des canalisations ici? Bah…de toute façon tout est bizarre”, je mets mon doigt sous l’eau. La douleur part progressivement. J’en profite pour me laver les mains et passer un coup d’eau sur mon visage, que j’avais vu complètement sale. Puis je me dirige vers la marmite. Une louche pend à côté du foyer. Je la prend ainsi qu’une assiette et remplie celle-ci presque à ras-bord. Je m’installe à la table. Je trempe ma cuillère dedans, et j’ai un moment de réflexion. Ça pourrait être empoisonné, “Et puis m****, au moins je mourrais en mangeant autre chose que du pain sec et de la viande séchée”. Je porte la cuillère à ma bouche et, qu’elle délice. Il me rappelait quelque chose. Dans mon enfance. Élisa, ma sœur. Elle aussi je l’avais oublié. Elle me préparait le même quand maman rentrait tard de l’usine d’allumettes. J’avale le contenu de mon assiette avec rapidité. Je voulut me resservir mais mon ventre me dit “Non”. J’avais déjà trop mangé.
Je me lève et monte en haut¹. Le lit. Mais non, avant je vais regarder ce qu’il y a dans le coffre. Je l’ouvre et tombe sur mon borsalino italien “il me suit partout, comment ça se fait?”. Puis je vois une serviette, un rasoir et un tube de mousse à raser². Un petit rasage avant d’aller me coucher me fera du bien. De ce fait je redescends et me dirige vers le lavabo. Je me met de la pâte sur le visage et la fait mousser comme je peux avec mes doigts – une brosse aurait été plus efficace –, puis je déplie le rasoir et le fait passer sur ma peau, délicatement, ce serait idiot de se couper. Une fois terminé, je passe de l’eau sur mon visage et l’essuie avec la serviette. Je regarde la serviette. Non qu’il y ai quelque chose de particulier, mais je viens d’avoir une idée. J’enlève ma veste et déboutonne ma chemise, je mouille la serviette et la passe sur mon corps crasseux. “Ça fait du bien de se sentir un minimum propre”. Après cela je remonte torse nu dans la chambre et me pose sur le lit. Mon regard est attiré par le livre sur la table de chevet. Il est intitulé Guide de survie dans le Château, 1990, “Hum, de la fantasy. De la science-fiction plutôt au vu de la datte. Mouais, pas mon genre de livre, je préfère les classiques – surtout les français.” De ce fait, je le repose.
Je m’allonge sur le lit et éteint la lampe.
Une heure. Deux heures. Je n’arrive pas à dormir. Je descend et prend la bouteille de whisky dans mon sac puis remonte. Je bois de nombreuses gorgées, l’alcool m’aidera à dormir³.
Je sent l’ébriété m’envahir, ma tête tourne, le lit tourne, le plafond tourne. Et je m’endors.
Je rêve. Je me voit dans un salle, il s’y trouve les commissaires de Boston, Arkham, Providence et de Hartford, ainsi que de nombreux enquêteurs venant d’État différents, quelques membres du BOI⁴ sont aussi présent. Une carte est affichée sur le mur, elle représente les États de Rhode Island, du Massachusetts et du Connecticut. Plusieurs régions sont entourées en rouge. Là où il y a eu des disparitions similaires, une dizaine. Puis je me retrouve devant un bureau, il y a une tasse remplie de café, fumant, chaux, à côté un paquet de cigarette non ouvert. Il y a un dossier ouvert, la photo d’une famille, disparut depuis deux semaines sans laisser aucune trace autre qu’un étrange symbole.
Et puis, je revois la maison, le masque, le salon, les tasses remplies de thé. L’homme enlève son masque et puis…un cri. Je me réveille en sursaut. Ce n’était que mon rêve.
Je me lève, j’ai l’impression qu’une fanfare est venue jouer dans ma tête. Je récupère la bouteille de whisky³ et je descends. Je me ressert du ragoût. Ma tête commence à aller mieux. Je me dis qu’il faudrait mieux que je parte, une connerie pourrait arriver à tout moment, l’endroit est bien trop calme pour être normal. Je remplis la bouteille d’eau vide avec le lavabo. Puis je prépare toute mes affaires. Je prends aussi le rasoir que je mets dans ma poche, ça pourrait servir. Ainsi qu’un couteau que je range dans ma besace.
Je mets mon borsalino. M’approche de la porte, et l’ouvre.
¹Pour énerver les puristes
²Les tubes de mousse à raser sont inventés au début du XXème siècle, remplaçant les bâtons.
³L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Buvez avec modération (ou pas du tout c’est mieux). Et non, ça casse complètement votre sommeil réparateur.
⁴BOI: Bureau of Investigation, premier nom du FBI.
Auteur : Aztran Maist
Elle est trop cool ta pièce ! J’ai adoré le fait que l’extérieur donne une idée de l’intérieur et qu’en fait, ça ne soit pas pareil… C’est tellement châteauesque !
Aaah c’est un plaisir de lire une pièce reposante comme celle-ci ! C’est fou comme on se projette dans le repos vécu par l’explorateur. J’aime beaucoup la façon dont tu ajoutes de petits détails historiques, toujours scrupuleusement expliqués en note. Je ne savais pas que la mousse a rasé avait existé en bâton !
PS : Félicitations, tu as publié tes 5 premières pièces ! N’hésite pas à faire ta demande pour avoir ton propre compte sur le site du Château. Et à nous contacter si tu es intéressé par les activités de l’association…
Salut.
Merci du retour.
Sinon, oui, il faut des moment de repos, de calma. Trop d’horreur tue l’horreur (mais c’est bien évidemment de courte durée, sinon ce serait pas drôle).
Je vient de faire ma demande et je suis aussi intéressé de participer aux activités de l’association.
Super ! Pour info, ma compagne qui fait partie de l’équipe langues met parfois un peu de temps à répondre, mais je suis sûre qu’elle sera ravie de voir une nouvelle personne participer 🙂