Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA MILLIÈME PIÈCE – LE CACHOT D’ÉMÉRENCE
LA MILLIÈME PIÈCE – LE CACHOT D’ÉMÉRENCE

LA MILLIÈME PIÈCE – LE CACHOT D’ÉMÉRENCE

Les Chroniqueurs du Château as Les Chroniqueurs du Château

[PARTIE UNE : CONSEIL DE GUERRE]

Passage 1 : La Nébuleuse

Ça se passera comme ça. Ne t’inquiète pas Emérence, ne t’inquiète pas.
Mes mains agrippent sans le vouloir le manche d’un de mes couteaux, le serrant à s’en blanchir les articulations.
« Il faut, il faut. »
Quelques bruits, dans le couloir. Une sorte de rugissement emplit mon cachot de cris, comme le coup de feu du départ de la course, comme une accalmie qui repousse ce silence qui m’a si longtemps entouré.
« Maintenant. »
De la porte émerge quelques personnages dont je scrute, j’imprime chaque visage.
Une jeune fille au visage taillé en couteau, suivi d’un nuage qui emplit la pièce d’une petite brume vaporeuse.
Une femme au port altier, semblant marcher au-dessus du sol, s’avance dans le cachot entre deux ruminations.
Quelques aventuriers s’ensuivent, autour de chacun flottant une aura indescriptible.
La porte se referme sur un homme armé d’une énorme masse, semblant singulièrement grande à côté de sa taille.
Une vingtaine d’aventuriers m’entourent, chacun ayant trouvé place parmi une ronde que nous avons formée.
Un silence s’ensuit, les vagabonds se regardent en chien de faïence, chacun prêt à dégainer son arme.
Je déglutis difficilement, oppressée par toutes ces présences m’entourant.
Ma voix s’élève, vigoureuse et décidée.
« Aventuriers, aventurières, soyez forts. Le combat que nous nous apprêtons à commencer est un combat que nous ne pourrons gagner entièrement. Certains en mourront. (Un silence.) Que ceux qui ont peur (un silence), ceux dont les convictions sont traîtres (un silence), ceux dont notre victoire n’est pas un but, s’en aillent, ou seront… Sévèrement punis. (Soupir présomptueux) Les ennemis sont puissants. Le Château est puissant. Et si nous voulons l’avoir, voici la façon qui me semble la plus plausible de mener à une victoire (…). Nous vaincrons. »

Passage 2 : La p’tite moustache

Je m’avance timidement. Une dizaine de regards fusent aussitôt vers moi et j’attrape la main de Garette pour me donner du courage. La ronde se forme autour de moi et je m’éclaircis la gorge :
– Je ne me reconnais pas dans votre description, dis-je à la dame du Château, et je ne suis peut être pas une guerrière très redoutable mais je suis prête à tout pour revoir ma famille et ma détermination n’a pas de limites. Et je suis certaine que mes compagnons ont des convictions tout aussi louables. Et même si nous n’avons pas l’air très costauds à nous trois, nous amenons avec nous de précieux alliés.
Je fouille dans mon sac et en sors le bestiaire du Château. J’explique :
– Ce livre provient de la pièce aux livres voyageurs, il est donc atteint d’un pouvoir. Il recense toutes les pièces du Château et ceux qui le liront se retrouveront projetés dans la pièce de leur choix. C’est comme ça que nous sommes arrivés ici.
Des murmures se font un peu partout dans la salle. Je continue :
– Nous sommes conscient que ce livre est une véritable arme et nous avons l’intention de vous le donner Madame si vous nous le permettez mais avant il faut que nous fassions quelque chose. Voyez-vous, quand une pièce du Château est visitée par un aventurier, une fois que celui-ci est partit, la pièce est « détruite ». Les objets s’en vont se stocker dans une pièce « fourre-tout » et les habitants de la pièce dans la pièce des « Captifs ». Du moins c’est ce que nous avons compris. Nous avons appris que les habitants de la pièce des Captifs ou au moins une partie d’entre eux souhaitaient se joindre à nous pour la bataille. Alors si vous voulez bien, mon amie Garette ici présente ira les chercher.
– Soit. Dit Emerence. Vous avez quartier libre.
Garette s’éloigne de l’assemblée pour Lire au calme. Je reprends ma place dans les rangs et laisse la parole à d’autres.

Passage 3 : un gars…

Je sens que nous sommes arrivés, Eno et moi. Nous « atterrissons » doucement sur un sol dur et rugueux. Nous sommes dans l’ombre d’une petite salle, mais juste devant je vois une élégante femme, puis des barreaux, puis des aventuriers. Énormément d’aventuriers. Alors je souris. Le Château, s’il intervient cette fois, n’aura pas la vie facile. Même si c’est sa deuxième…
Je sors de l’ombre, invitant mon ami Eno à le faire aussi. Je reconnais quelques aventuriers. Et je me prends à chercher bêtement le petit grand nain. Mais non, il ne peut pas être là.
Je m’approche de la femme. Ce doit donc être Emerence. Je lui demande :
« Vous n’avez pas envie de sortir de cette prison ? Je demande, parce que vu que je suis coincé avec vous maintenant… »
Mais avant qu’elle ne me réponde quoi que ce soit, je sens Eno qui met la main dans ma poche, et en sort ma pièce d’or. Il dit : « Je te l’emprunte », et va la coincer dans la serrure. Elle s’illumine, il y a une petite explosion, puis plus rien. La pièce d’or roule au sol. Eno dit avec un sourire :
« C’est ouvert. »

Passage 4 : Miss Lovegood

J’aimerais bien pouvoir dire que j’attendais impatiemment les combats, que j’étais très confiant, mais ce serait un pur mensonge. En vérité, rien que l’idée de revoir le Château me terrifiait. Je ne saurais dire si j’étais impatient que tout cela soit terminé, ou si je redoutais le moment où le Château ferait son apparition.
Emérence sortit donc de sa prison et nous demanda si nous savions des choses qui pourraient nous être utiles dans ce combat contre le Château. A cet instant même, une ombre noire traversa la pièce et un nain se matérialisa devant nos yeux. Une petite fille aux cheveux noirs accourut pour l’aider au cas où, mais il semblait qu’il n’en avait aucunement besoin et paraissait être en excellente forme et prêt pour les combats car il tenait sa fidèle hache dans sa main (ce qui fit un peu peur à la petite fille.)
Le petit grand nain ! Il n’avait pas beaucoup changé depuis la dernière fois ! À côté de lui, surgit une créature ressemblant fortement à un humain, mais possédant une peau parsemée d’écailles.
Je parcourus alors la foule d’aventuriers des yeux et reconnus quelques visages familiers. Sara était présente, ainsi que la jeune fille qui avait la capacité de se métamorphoser en loup.
– Quelqu’un aurait des renseignements particuliers sur le Château, quelque chose susceptible de nous aider ? demanda Emérence

Passage 5 : La panthère qui ronronnait

Juste au moment où je claquai la porte, provoquant un « chut ! » sonore de la part d’une fille principalement habillée de rouge et accompagnée d’un curieux petit bonhomme, Emerence demanda : « Quelqu’un aurait-il des informations sur le Château susceptibles de nous aider ? »
Bastien prit la parole d’une voix hésitante : « Le Château projette d’attaquer par le côté nord, puis de nous couper la retraite au sud par le reste de ses troupes.
Emerence le remercia d’un signe de tête.
-Et… poursuivi-t-il, encore moins assuré. « Mes compagnons et moi, on ne sait pas trop se battre. Alors, est-ce qu’il y aurait un arrangement pour peut-être éviter le combat ? »
Emerence le fixa durement, et Bastien baissa la tête.
-Soit vous restez et participez au combat, soit vous prenez la sortie, avec les lâches, déclara-t-elle d’une voix accordée à son regard. «Pour tous les lâches et les traîtres, je le répète et c’est la dernière fois : partez par la porte des lâches, et faites-le maintenant.
Après, ce sera trop tard. Ceux qui ne partent pas dans l’instant qui vient ne pourront plus laisser tomber. »
Aussitôt, quelques aventuriers quittèrent la pièce, la tête basse. Une petite fille partit en pleurant. La jeune habillée en rouge semblait prête à partir puis se ravisa. Celle-là resterait. Et nous ? Bastien fit un pas vers la porte encore ouverte, mais je le retins, et d’un regard sévère, lui fis comprendre qu’on restait. Il obéit et revint à sa place. La porte de la sortie se referma lentement sur le dernier aventurier.

Passage 6 : Lerêveurtoujours?oui,toujours!optimiste

« La porte des lâches »…j’avais eu un élan vers elle, car oui, c’était peut-être la meilleure solution ! J’étais comme ce garçon aux jeans troués, je commençais, non pas à me demander pourquoi j’étais là…mais à avoir peur, tout simplement !
C’est Charlie qui m’a fait changer d’avis. Car quand une petite chatte noire et blanche s’est approchée de lui…une deuxième main est apparue tout aussi miraculeusement que la première…pour qu’il puisse la caresser ! Et là, à ce moment précis, tandis que chacun chuchotait pour commenter ce prodige, j’ai compris que nous avions notre place ici.
-Je ne suis pas depuis suffisamment longtemps dans ce château, dis-je en m’éclaircissant la voix, pour vous donner des informations cruciales. D’autres en savent sûrement plus que moi.
En prononçant ces paroles, je me tournais par réflexe vers deux filles dont l’une portait un arc sur l’épaule, et mon regard fut attiré par ce petit nain et son ami écailleux.
-Mais j’ai cru comprendre que le château n’a pas toujours été tel que nous le connaissons…il a été humain, comme nous …Et je sais, qu’il a une famille, et notamment des enfants ! Alors je pense qu’au cours d’une bataille, dans le feu de l’action, il aura forcément des reflexes, disons, de parents…Je pense que nous devrions axer notre attaque sur ce à quoi il tient le plus, pour tenter de le mettre à notre merci…si quelqu’un peut nous en dire plus sur sa famille…
Une jeune fille aux longs cheveux tressés s’avança pour prendre la parole.

Passage 7 : Enfant des mers

Quand la jeune fille parla, je me rappelai du petit garçon que j’avais croisé il n’y a pas longtemps. Je me rappelai de la souffrance dans ses yeux et de l’espoir, infime, de voir son père mort. Je jetais un coup d’œil à Émerence. Aussitôt, elle releva la tête et me fixa. Je respirai un bon coup, tentant de repousser les larmes qui ne manqueraient pas de tomber afin de ne pas lui faire trop de peine. Je m’avançai et pris la parole :
-J’ai rencontré un des fils du Château. C’était un petit garçon, je dirais sept, huit ans maximum. Il est prisonnier du Château. Mais je ne connais pas son nom. Il a disparu avant que je puisse lui demander. Il nous souhaite bonne chance pour tuer le Château.
-Aiden. Il s’appelle Aiden. C’est mon plus jeune fils. J’en ai deux autres, plus âgés : Alden et Aden. Aden est un général du Château et lui est totalement loyal. Je ne sais pas où est Aiden.
À ces mots, un jeune garçon avec des mèches rouges dans les cheveux s’avança. J’aperçus Louvelo à ses côtés. J’entendis Émerence prendre une grande inspiration. Et bien, on avait retrouvé Alden… Mais nous n’étions pas là pour les retrouvailles, et je ne semblais pas être la seule à le penser.
-Noone a raison. Nous devons utiliser tous les points faibles du Château contre lui, remarqua le petit grand nain.
-Je suis d’accord. Mais vous n’avez pas vu Aiden. Je ne pense pas que le Château sera très affecté si nous attaquons sa famille.
Mais avant que quelqu’un d’autre puisse prendre la parole, les murs se brisèrent à ma gauche et une créature entra tandis que des murmures s’élevaient dans la pièce : « La Créature… »

[PARTIE DEUX : LA CREATURE]

Passage 8 : Étincelle de feu

La Créature.
Cette bête hideuse était la Créature.
Une pensée me traversa l’esprit.
Tu n’es pas sans défenses.
Je n’étais pas sans défenses. J’avais des armes, des atouts.
-Elüstirin! cria une voix.
Elüstirin. Bien sûr. Le sortilège de feu qui brûle. Je renchéris à ce cri en attrapant une main. Une paume saisie la mienne. Nous repoussâmes le tourbillon enflammé vers le monstre, qui recula d’un bond. D’autres aventuriers avaient déjà sortis épées, dagues et haches. Anduril, voilà ton premier véritable combat. Je saisi donc mon arme et me précipitai vers la bête qui chargeais en grondant et ses lèvres épaisses écumantes de rage. Mon arme rougeoya un instant tandis que je la plantai dans la peau épaisse. Trop épaisse. La lame rebondissait. Mai si nous ne pouvions la blesser, comment combattre ce monstre?
Nous n’avions aucune chance. Nous allions tous mourir.
-Fuyez par la porte rouge de sang des Morts! cria Emérence. Il faut fuir pour sauver votre vie!
Elle-même attrapa Alden par le bras et nous courûmes jusqu’à la porte. Elle était lourde, gigantesque, en fer, et des gravures morbides y étaient gravées. Nous nous y engouffrâmes, la Créature à nos trousses.

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